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Comment parler d’espéranto ?

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Que ce soit devant la machine à café, pendant le repas de Noël en famille ou sur un stand pour faire connaître votre association d’espéranto, il y a toujours un moment où vous allez expliquer ce qu’est l’espéranto, à quoi ça sert et assez souvent, faire face aux préjugés qui existent. Bien sûr, il existe des cas où votre interlocuteur n’a jamais entendu parler de l’espéranto, et dans ce cas, c’est peut-être un peu plus facile de lui en donner une image objective et positive. Mais dans le cas contraire, il faudra user de quelques ficelles que nous allons vous présenter ici.

Que vous parliez déjà espéranto, que vous ayez juste commencé à l’apprendre ou que vous soyez simple sympathisant, vous connaissez la valeur de cette langue pour améliorer les échanges internationaux. Vous vous êtes déjà rendu compte à plusieurs reprises que la barrière des langues est dans le meilleur des cas source de doux malentendus, mais dans le pire des cas, source de conflits (parfois armés) et d’une grande injustice entre ceux qui parlent une langue considérée comme prestigieuse (par exemple l’une des 6 langues de travail de l’O.N.U.) et ceux qui parlent une autre langue (par exemple, l’une des 5994 autres langues sur terre).

Et cette valeur de l’espéranto vous incite à croire qu’il suffit d’expliquer ce qu’est l’espéranto pour que votre interlocuteur s’y mette. Malheureusement, ce n’est pas aussi simple. Susan George, présidente d’honneur de l’association ATTAC, écrivait dans son livre Le Rapport Lugano :

Cependant, comme on me demande tout le temps « ce qu’il faut faire », je vais commencer par quelques suggestions négatives. La première est de ne pas se laisser piéger par les « y a qu’à » et les « faut qu’on », par toute l’école des « mais c’est évident ! ». S’imaginer qu’il suffit d’expliquer la nécessité d’un changement qui entraînerait plus de justice, d’équité et de paix pour qu’il soit adopté, voilà bien la forme la plus triste et la plus irritante de naïveté.

Nombre de personnes bien intentionnées – et par ailleurs intelligentes – paraissent croire qu’une fois que les gens et les institutions auront réellement compris la gravité de la crise (quelle qu’elle soit) et la nécessité d’un changement, ils vont se donner une claque sur le front, reconnaître que jusqu’ici ils s’étaient trompés et, dans l’épiphanie de cette révélation, effectuer un changement de direction à 180 degrés.

Ce qui est valable pour les injustices de la finance l’est aussi pour celles des langues.

Adapter son discours à son interlocuteur

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Bien sûr, il existe un grand nombre de personnes qui ne souhaitent pas se battre pour l’équité linguistique. Tout le monde ne souhaite pas non plus que l’Union européenne fasse des économies dans le domaine de l’enseignement des langues (à commencer par les enseignants de langues), et tout le monde ne souhaite pas non plus faire un tour du monde à moindres frais.

Chacun de vos interlocuteurs a un vécu, des objectifs, un caractère différents. Par exemple, il est difficile d’expliquer à un anglophone natif que la langue anglaise est truffée de difficultés et qu’il est préférable d’apprendre l’espéranto pour échanger facilement avec des gens de différents pays.

La première chose à faire est donc d’écouter votre interlocuteur, d’en savoir plus, afin d’adapter votre discours à ses besoins, ses envies.

Parler de son expérience personnelle avant tout

Assez souvent, on entend des espérantophones dire qu’avec l’espéranto, on peut faire le tour du monde, qu’on peut l’apprendre en deux heures comme Tolstoï, et qu’on peut parler de tous les sujets possibles.

C’est vrai.

Mais dans une certaine mesure, on peut aussi le faire avec l’anglais. La différence entre se faire des amis aux quatre coins du monde grâce à l’anglais ou grâce à l’espéranto, c’est que grâce à l’espéranto, vous l’avez sûrement déjà fait, et vous savez alors que cela est possible et vous pouvez le prouver. Ainsi, si vous parlez de votre expérience personnelle, cela aura un impact plus important que si vous présentiez ce qu’il est « possible » de faire.

Il est important de ne pas faire de généralités quand on parle d’espéranto. Par exemple, si l’on demande combien de temps il est nécessaire pour parler espéranto, il sera plus intéressant de parler de votre expérience personnelle et dire par exemple qu’au bout de six mois, vous avez eu l’occasion de rencontrer une Tchèque avec qui vous avez parlé de différents sujets comme la politique et le cinéma. Vous pourrez aussi par exemple expliquer que vous avez appris l’espéranto à raison d’une heure et demie de cours par semaine pendant un an, tout en ayant de nombreuses autres activités. Citons aussi le cas de certains élèves des cours internet qui, à raison de deux heures par jour d’espéranto, ont fini les cours en moins de six semaines.

S’informer continuellement

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Il convient enfin d’être très prudent. Il arrive parfois que l’on s’emballe et qu’on donne des informations erronées. Le livre de Ziko Van Dijk Esperanto sen mitoj (L’espéranto sans mythes) donne beaucoup de précisions sur un grand nombre d’informations erronées ou approximatives qui circulent sur l’espéranto. Gardez l’esprit critique vis-à-vis de l’espéranto, votre discours n’en sera que plus crédible.

Vous pouvez aussi compléter vos informations en consultant le site d’Espéranto-France qui contient une rubrique de questions-réponses permettant d’avoir une vision plus précise de la langue :
https://esperanto-france.org/30-questions-et-reponses-sur-l-esperanto