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L’espéranto au Québec

Esperanto-Aktiv’ : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Nicolas Viau : Nicolas Viau, président de la Société québécoise d’espéranto et vice-président du Comité organisateur local (Loka Kongresa Komitato) pour le Congrès mondial d’espéranto qui aura lieu à Montréal en 2020. Je parle espéranto depuis une dizaine d’années, mais suis assez actif depuis 2013 environ. Né à Paris, je suis arrivé au Québec à l’adolescence et j’y vis depuis maintenant près de deux décennies. Professionnellement, je suis responsable des projets spéciaux dans une PME spécialisée en technologies des énergies renouvelables. Je m’intéresse par ailleurs beaucoup aux langues, ce qui a en partie motivé mon intérêt pour l’espéranto et m’a aussi amené à m’impliquer dans un événement pour passionnés des langues ayant eu lieu à Montréal depuis 2016, le Festival des langues de Montréal ou LangFest.

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Nicolas Viau interviewé à l’occasion le festival LangFest

photo : Tetsu Yung

EA : Pouvez-vous présenter votre association ?

La Société québécoise d’espéranto (SQE ou Esperanto-Societo Kebekia - ESK) actuelle a été fondée en 1982 (d’autres associations ont toutefois existé avant sa fondation) et vise à faire connaître l’espéranto et à promouvoir son utilisation au Québec. L’histoire de l’espéranto au Québec remonte toutefois au début du 20e siècle et a connu différentes « vagues ».
Elle coexiste par ailleurs avec l’Association canadienne d’espéranto (Kanada Esperanto-Asocio ou KEA), qui couvre l’ensemble du Canada (sans oublier les clubs locaux présents dans différentes villes canadiennes).

Logo de la Société québécoise d'espéranto
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EA : Que faites-vous pour faire connaître l’espéranto ?

Des rencontres régulières sont organisées régulièrement à Montréal, Québec et d’autres villes, notamment à l’occasion du MeKaRo (Mez-Kanada Renkontiĝo de Esperanto), rencontre annuelle ayant lieu chaque année en mai, alternativement au Québec et en Ontario (province canadienne voisine).
Les rencontres régulières visent tant les apprenants que les espérantophones expérimentés. Une Maison de l’espéranto vient par ailleurs d’être ouverte par Suzanne Roy à Trois-Rivières, ville située à mi-chemin entre Montréal et Québec, le long du fleuve Saint-Laurent. (Certains se souviendront peut-être de l’ancienne Montreala Esperanto-Domo - grâce à cette initiative, la SQE « retrouve » une maison !)

EA : Que faites-vous pour trouver de nouveaux membres et de nouveaux bénévoles ?

Nous essayons de communiquer et d’annoncer toutes nos activités régulièrement non seulement sur notre site web (http://www.esperanto.qc.ca/), mais aussi par les réseaux sociaux notamment Facebook (ainsi que Meetup).
Nous essayons aussi d’informer les médias autant que possible et sommes toujours ouverts aux reportages et entrevues.
Cette année a d’ailleurs été particulièrement riche en reportages (télévisés notamment), la venue du Congrès mondial d’espéranto à Montréal étant une excellente occasion de parler de l’espéranto. Nous espérons que l’événement saura susciter la curiosité tant du grand public que des journalistes. Pouvoir y participer est aussi une source de motivation pour les apprenants et nouveaux espérantophones.
De plus, la SQE, de manière générale, souhaite soutenir les initiatives locales et individuelles, ainsi que les propositions de soutien de ses membres et amis.

EA : Quels sont vos moyens de communication ? (site internet, revues/magazine... ?)

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Tel que mentionné plus haut, nous avons un site web et sommes actifs sur les réseaux sociaux. La SQE publie régulièrement une revue (au contenu essentiellement en espéranto) appelée La Riverego (Le Fleuve, référence au fleuve Saint-Laurent), grâce au travail exceptionnel de sa rédactrice en chef Yevgeniya (Ĵenja) Amis et de toutes les personnes qui y contribuent.
Nous avons aussi une lettre d’information électronique mensuelle appelée La RiveReto, qui rappelle au début de chaque mois les activités à venir.
Depuis quelques années, nous utilisons aussi des dépliants, produits avec l’appui de KEA, inspirés du format des excellents petits calendriers produits par Espéranto-Jeunes, ainsi que des marque-pages.

Quant aux bénévoles, ils communiquent par courriel, Messenger et autres.

Nous essayons aussi d’être présents là où ça compte, par exemple en montant un stand et en proposant des conférences lors de la venue du Forum social mondial à Montréal en 2016, ou encore, depuis 2017 - et avec l’appui de KEA, de l’Esperantic Studies Foundation et d’Esperanto-USA - en installant une table de présentation de l’espéranto au LangFest (que j’ai eu le plaisir de coorganiser) à Montréal, permettant à des bénévoles locaux de rencontrer des participants souvent polyglottes et curieux des langues, sans oublier les divers ateliers et présentations liés à l’espéranto qui y ont été proposés aux participants. C’est une manière de trouver des publics intéressés.

EA : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Les difficultés sont à mon sens de deux ordres.

Tout d’abord, comme dans de nombreuses organisations bénévoles, les bonnes idées peuvent être nombreuses, mais leur réalisation se heurte au manque de moyens humains.

Mon autre commentaire, d’ordre plus général, est qu’il n’est pas toujours facile de trouver le bon message (concis de préférence) pour susciter l’intérêt, particulièrement dans un contexte où la plupart du temps, les personnes approchées n’ont jamais entendu parler de l’espéranto ou du concept de langue construite auxiliaire internationale. Ce peut être un inconvénient, puisque cela rallonge l’explication, mais peut d’une certaine manière aussi se révéler bénéfique : contrairement à certains endroits, où une connaissance assez vague du nom « espéranto » et du concept général peut souvent être accompagnée de préjugés, il est possible d’informer les gens de manière plus positive et plus juste lors d’un tel premier contact avec la langue.

Je pense aussi qu’il faut faire prendre conscience aux gens des enjeux de rapports de force (économiques, politiques, culturels) liés aux langues, qui font implicitement partie du message porté par l’espéranto. Le Québec, îlot francophone dans une Amérique du Nord anglophone, est à ce titre un terrain assez réceptif à ce type d’argument. C’est d’ailleurs ce genre de réflexions qui m’avaient personnellement incité à m’initier à l’espéranto il y a une dizaine d’années.

EA : Quelles sont vos plus belles réussites, les projets dont vous êtes le plus fier ?

Ces dernières années, je crois que les espérantistes montréalais, québécois et canadiens se sentent très fiers d’avoir réussi à faire en sorte que Montréal soit choisie comme ville pour le Congrès mondial d’espéranto de 2020.

Je crois que nous avons aussi bien amélioré nos façons de communiquer (usage plus systématique des réseaux sociaux, site web rénové, liens avec d’autres organisations, etc.). On peut dire que ces efforts ont constitué l’un des principaux axes des activités de la SQE (et du LKK du Congrès de 2020) au cours des quatre ou cinq dernières années.

Plus généralement, la SQE et le mouvement au Québec peuvent être fiers de ce qui a été accompli collectivement au cours des années, notamment à l’initiative de Normand Fleury, très longtemps président de la Société, ainsi que de nombreux autres bénévoles, depuis sa fondation (p. ex. IJK en 1992, TAKE en 2008, des livres et bien plus).

EA : Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions.

Nedankinde ! :) Venez découvrir Montréal lors du Congrès mondial d’espéranto l’année prochaine !

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Montréal

Samuel Charron, Unsplash