français

Traduire en espéranto

Esperanto-Aktiv’ n° 84 – novembre 2017

Assez rapidement après avoir commencé à apprendre l’espéranto, nous avons tendance à vouloir traduire en espéranto. L’objectif principal est souvent d’augmenter la visibilité de cette langue que nous aimons et de faire connaître notre culture française à la communauté espérantophone. C’est également une bonne façon de progresser, d’enrichir son vocabulaire et d’apprendre de nouvelles tournures de phrases, mais pour cela, il convient de suivre quelques conseils que nous allons vous présenter dans cet article.

Que traduire ?

Vous avez adoré un livre et vous aimeriez que ce livre soit disponible en espéranto, ou bien un site internet ou une chanson ; il y a forcément quelque chose qui vous a touché et que vous souhaitez faire partager aux autres espérantistes. Néanmoins, il y a certains critères à prendre en compte.

La difficulté : certains livres sont très complexes de par le vocabulaire utilisé. Il ne faut pas croire qu’une bande dessinée pour enfant est forcément plus simple, c’est même parfois le contraire quand celle-ci contient un grand nombre de jeux de mots. Il suffit parfois d’essayer de traduire à voix haute certaines phrases pour se rendre compte si les tournures et le vocabulaire utilisés est à votre portée ou non.

L’intérêt : traduire un livre consiste à passer du temps avec chacune des phrases d’un livre. Pour se lancer dans ce chantier, il est indispensable que vous preniez plaisir pour aller jusqu’au bout de la traduction. Traduire quelque chose « sur commande » peut être vraiment rébarbatif.

La longueur : traduire une nouvelle ou Les misérables de Victor Hugo ne prendra pas la même durée. L’idéal pour commencer est bien sûr quelque chose de court.

Le droit d’auteur : si votre objectif est de publier votre travail, il est important de respecter le droit d’auteur. En France, la règle est que si l’auteur est décédé il y a plus de 70 ans, ses œuvres sont tombées dans le domaine public, mais dans le cas contraire, il faudra négocier avec l’auteur ou ses ayants-droit pour pouvoir publier une traduction. En général, l’achat des droits pour la publication d’une traduction s’élève entre 8 et 12 % du prix de vente public de l’ouvrage traduit.

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Pour commencer, il peut être intéressant de traduire des articles de Wikipédia. Si un thème vous plaît beaucoup, que l’article existe en français, vous pouvez commencer par en faire une traduction en espéranto (sur le wikipédia espéranto) et vous pourrez demander de l’aide à la communauté des rédacteurs de Wikipédia pour vous corriger. Par la suite, il vous sera facile de regarder dans l’historique pour voir ce que les correcteurs auront modifié.

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Vous pouvez aussi rechercher parmi les logiciels libres que vous utilisez : certains existent déjà en espéranto, d’autres sont en cours de traduction, ou n’existent pas encore en espéranto. Dans tous les cas, leurs auteurs sont souvent très accueillants quand des personnes proposent une traduction de leur logiciel dans une nouvelle langue. La traduction d’un logiciel en espéranto est la plupart du temps un travail de groupe, dans lequel chacun apporte sa contribution en fonction de ses compétences et du temps qu’il peut y consacrer. Chaque projet utilisera sans doute une plateforme de traduction spécifique, qu’il faudra apprendre à utiliser.

Quels outils pour traduire ?

Il existe différents livres qui pourront vous aider : les dictionnaires bilingues, comme le Grand dictionnaire Français-Espéranto de Jean-Pierre Danvy et Jacques Le Puil ou le livre Kiel Traduki d’André Andrieu.

Exemple de recherche sur tekstaro avec le mot « strando »Vous pouvez aussi vous aider de dictionnaire en ligne comme le Reta Vortaro ou bien le tekstaro. Ce formidable outil vous permettra de faire des recherches dans une grande base de textes en espéranto et vous permettra de vérifier si tel ou tel mot est bien utilisé en espéranto et dans quel contexte. Les résultats s’affichent avec les mots qui précédent et qui suivent l’expression recherchée.

De la même façon, faire une recherche sur Google permet aussi de voir si telle ou telle expression est utilisée sur Internet, voire de comparer le nombre de résultat d’une expression par rapport à une autre.

Sur Facebook, on trouve aussi des groupes, comme Lingva konsultejo qui permet de répondre aux questions que l’on se pose sur l’utilisation d’un mot ou d’une expression.

La liste de diffusion yahoo tradukado-fr-eo permet de poser des questions sur des tournures de phrases qui vous posent problème. Comme elle est destinée à des francophones, vous pourrez facilement poser des questions sur une expression française.

PNG - 79.5 koTranslator Toolkit est un outil proposé par Google. Il permet de travailler avec le texte d’origine sur la gauche et votre traduction à droite. Il propose aussi une « pré-traduction » qui est faite automatiquement par l’outil de traduction de Google, mais cette traduction nécessitera forcement une relecture attentive de votre part.

Les outils d’aide à la traduction comportent la plupart du temps une mémoire de traduction : le texte est découpé en segments, et au fur et à mesure de l’avancement de votre travail, la mémoire de traduction est enrichie avec les segments déjà traduits. Ainsi lorsqu’un terme déjà traduit est de nouveau rencontré dans le texte, le logiciel vous suggèrera la traduction enregistrée dans sa base. Cela permet de travailler plus rapidement tout en gardant une unité de style.

Vous pouvez également utiliser tout simplement votre logiciel de traitement de texte préféré, ou du papier et des crayons. Dans ces cas, il est intéressant de bâtir une mémoire de traduction, par exemple pour les noms propres afin d’assurer une cohérence dans tout l’ouvrage. Cela est particulièrement intéressant lorsqu’on travaille en groupe.

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Quelques conseils

Essayez autant que possible de trouver quelqu’un avec qui travailler, il est toujours plus facile de trouver les fautes des autres que ses propres fautes. Si la personne que vous trouvez est une personne non francophone, cela vous aidera à éviter les gallicismes (traductions trop littérales d’expressions françaises).

Pour cela, la meilleure façon est de parler de votre projet à différentes personnes (dans votre club local, sur internet etc.). Cela permettra de recevoir le plus tôt possible des conseils et de l’aide.

Vous pouvez aussi vous entraîner en essayant de traduire des livres qui existent déjà en espéranto, cela permettra de voir comment des traducteurs expérimentés ont traduit certaines expressions.

Si vous voulez relire et corriger le travail de quelqu’un d’autre, essayez de lire la traduction sans lire le texte de départ. Vous vous mettrez ainsi plus facilement dans la situation du futur lecteur qui découvrira le texte et vous pourrez plus facilement repérer par exemple des répétitions ou des expressions qui ne semblent pas naturelles en espéranto. Si par exemple vous reconnaissez une expression qui semble être le calque d’une expression française, il est probable que la traduction soit à améliorer.