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Des examens d’espéranto gratuits et en ligne

Ce mois-ci, Espéranto Aktiv’ rencontre Axel Rousseau, responsable des cours internet. Il nous parle d’une grande nouveauté sur les cours : des examens dans le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL).

Espéranto Aktiv’ : Bonjour, Axel, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Axel Rousseau : Bonjour, j’ai découvert l’espéranto il y a une vingtaine d’années grâce aux cours internet, puis par les cours du soir donnés à l’université de Lille où j’étais étudiant à l’époque. Par la suite, je me suis engagé comme bénévole chez Espéranto-Jeunes, puis chez Espéranto-France. Dans ce cadre, je me suis occupé des cours internet, étant informaticien de profession, et je continue toujours à m’en occuper sur la partie technique.

EA : Vous avez récemment ajouté sur les cours en ligne de l’association Espéranto-France des examens d’espéranto. En quoi cela consiste ?

AR : Les cours en ligne sont issue d’une très vieille méthode qui existait sur papier avant d’être mis en ligne. Les cours présentent les règles de grammaire de manière assez académique et à la fin de la dixième leçon, il y avait une sorte de test pour voir si l’élève avait bien compris le cours. Le test historique est très simple, il fallait mettre des mots au pluriel ou trouver leurs contraires, et traduire deux petits textes de l’espéranto vers le français et du français vers l’espéranto. Tout ceci est très éloigné de ce qu’on demande aujourd’hui aux élèves, principalement dans le Cadre européen de référence des langues (CECRL) où l’accent est mis sur des compétences concrètes de communication : être capable de se présenter, comprendre un message téléphonique, écrire une carte postale, etc.

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Les examens dans ce cadre sont assez similaires d’une langue à l’autre. Pour nos cours internet, nous avons fait appel à l’association Espéranto-Développement 45 qui donne des cours d’espéranto à l’école primaire depuis de nombreuses années. Marcelle Provost, aidée de Noémie qui fait son service civique dans l’association, nous ont proposé deux examens, l’un de niveau A1 (voir la présentation de l’examen sur le site) et l’autre pour le A2. Chacun de ces examens comporte trois parties : une partie compréhension orale, une partie compréhension écrite et une partie de production écrite. Les questions portant sur la compréhension orale et écrite peuvent être facilement corrigées ; l’expression écrite est plus difficile à évaluer de façon automatique. Comme pour le reste du cours en ligne, le texte proposé en fin du cours sera corrigé par la personne qui a suivi l’élève durant le cours.
Les élèves peuvent passer l’examen quand ils le souhaitent, dès qu’ils ont terminé le cours. Nous sommes conscients que dans ce contexte, le résultat ne peut pas être officiellement reconnu, mais les élèves ont toutes les consignes pour pouvoir passer l’examen dans des conditions strictes et pouvoir évaluer correctement leur niveau.

EA : Quel est l’intérêt de tels examens ?

AR : Il est vrai que l’intérêt n’est pas évident : les gens n’apprennent pas une langue pour pouvoir passer des examens. Les examens d’espéranto ne sont pas un argument pertinent pour apprendre la langue, mais il y a pourtant plusieurs bonnes raisons à ces examens.
Tout d’abord, pour l’élève : cela lui permet de voir le niveau qu’il a réussi à atteindre en très peu de temps. Et comme ces examens existent aussi pour les autres langues, il est aussi possible de comparer le chemin parcouru en quelques heures d’espéranto par rapport à celui, plus long, nécessaire pour les autres langues.
Ensuite, pour notre association : cela va nous permettre d’avoir des chiffres fiables et récents sur la facilité d’apprentissage de l’espéranto. On a tous vu passer des graphiques plus ou moins farfelus sur l’espéranto qui est 10 fois plus facile qu’une autre langue, mais quand j’ai essayé de trouver l’étude qui a permis de produire de tels graphiques, je tombe sur une impasse. J’ai entendu parler de l’expérience faite par l’université allemande de Paderborn, mais ces résultats sont-ils reproductibles pour des francophones ? C’est un peu le but de ce que nous mettons en place sur nos cours en ligne.
Enfin, un dernier intérêt de cet examen, c’est de mettre en lumière les lacunes des élèves, et donc du cours en ligne, afin de nous permettre de l’améliorer sur les points posant des problèmes aux élèves. Les cours actuels sont principalement basés sur des exercices de traduction (« le père lave les petites tasses » ...), mais ce n’est pas comme cela qu’on enseigne une langue aujourd’hui. Si l’on se reporte au CECRL, on peut voir que les premières bases doivent être de pouvoir saluer, se présenter, etc. La pédagogie a fait d’énormes progrès ces dernières années et il convient que nos cours se mettent à la page.

EA : Quelles sont les prochaines étapes du projet ?

AR : Nous avons déjà mis en place l’examen A1 à la fin du cours en 10 leçons et nous sommes en train de travailler sur l’examen A2 que nous allons mettre à la fin de Gerda Malaperis. Nous souhaitons ensuite faire une étude sérieuse des résultats de la part des élèves pour pouvoir améliorer certains points difficiles des cours. En effet, l’approche « orientée grammaire » du cours historique peut rebuter certaines personnes qui vont découvrir des points de grammaire exhaustifs qui ne leur seront pas utiles au quotidien.
Un bon exemple est les corrélatifs qui sont présentés de manière exhaustive dans le cours, alors que tous les corrélatifs ne sont pas utilisés à la même fréquence. Il faut considérer le tableau de l’ensemble des corrélatifs comme un moyen mnémotechnique pour les mémoriser plutôt que comme quelque chose qu’il faut impérativement mémoriser par cœur. Nous avons aussi plusieurs idées pour changer la façon de présenter certains points de grammaire par des exercices pour faire découvrir par l’élève lui-même les règles, plutôt que de lui demander de les apprendre.

EA : Vous avez aussi mis en place un cours de troisième niveau ?

AR : Oui, en effet, les élèves qui finissaient le Cours Gerda Malaperis souhaitaient pouvoir continuer à apprendre en ligne avec des textes de difficultés plus importantes. Nous nous sommes basés sur le livre Paŝoj al plena posedo de William Auld et nous proposons un service de correction pour les personnes qui souhaitent suivre cette méthode.

EA : Si des lecteurs souhaitent vous aider, comment peuvent-ils faire ?

AR : Depuis l’arrivée du cours Duolingo, il faut reconnaître que le nombre d’élèves qui suivent nos cours en ligne a diminué, même si certains anciens élèves de Duolingo finissent par suivre nos cours pour pouvoir progresser et apprendre différemment.
Pour aider les cours en ligne (ikurso.fr), il est nécessaire de les faire connaître. Les espérantistes qui ont des sites internet peuvent bien sûr indiquer un lien depuis leur site pour nous faire connaître. Il est également possible de s’inscrire aux cours pour ceux qui peuvent en avoir besoin (et pourquoi pas en s’inscrivant directement au cours de 3e niveau si vous souhaitez approfondir vos connaissances). Enfin, il est possible de nous aider à corriger les exercices. Même si notre équipe d’une cinquantaine de correcteurs gère très bien jusqu’à présent, nous sommes toujours ravis d’accueillir de nouveaux bénévoles.