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Club de lecture en espéranto

Espéranto-Aktiv’ n°129 - Décembre 2021

Ce mois ci nous accueillons Marc Giraud, président de la fédération Île-de-France d’espéranto. Cette association d’espéranto organise beaucoup d’activités dans ses locaux, communs au siège d’Espéranto-France, à Paris-Bastille, mais aussi sur Internet.

Espéranto Aktiv’ : Peux-tu te présenter en quelques mots ?

JPEG - 40.9 koMarc Giraud : Je m’appelle Marc Giraud, j’ai 42 ans et ma première grande passion est la musique. Je travaille maintenant comme chef de chœur en conservatoire et dans des écoles élémentaires. En juin 2018 je venais de terminer un projet musical de grande ampleur et j’avais besoin de faire autre chose. C’est là que j’ai découvert l’espéranto dans un article du magazine Le crieur.
L’idée de l’espéranto m’a tout de suite plu, et par chance Michèle Abada-Simon organisait un stage à la Cerisaie deux semaines plus tard. J’y suis allé et le coup de foudre pour l’espéranto a été immédiat. Je me suis donc mis à apprendre passionnément l’espéranto avec iKurso, Gerda Malaperis, les cours de Michèle Abada-Simon et Ekparolu ! de edukado.net. Le stage Printempas’ à Grésillon m’a permis de passer l’examen KER (Komuna eŭropa referenckadro, Cadre européen commun de référence pour les langues), au niveau C1 en mai 2019.
Aujourd’hui j’ai le plaisir de redevenir étudiant grâce à l’espéranto, je me suis inscrit aux études d’interlinguistique de l’université Adam Mickiewicz de Poznań.

EA : Tu es président de la fédération Île-de-France d’espéranto. Peux-tu nous présenter l’association en quelques mots ?

MG : En effet, depuis juin 2020 j’ai le plaisir de présider la fédération Île-de-France. Cette tâche n’est vraiment pas difficile, car cette fédération marchait déjà parfaitement sans moi. Les piliers historiques réalisent un travail fantastique et mes prédécesseurs ont laissé une situation financièrement saine (un grand merci à eux !).
La fédération propose des cours d’espéranto à la Cerisaie (guidés par Michèle Abada-Simon et François Lo Jacomo), dans un hôtel (café croissant avec Guillaume Véra-Navas) ou par Internet (moi), deux soirées culturelles ou ateliers d’écriture (deux par mois) animés par Laure Patas d’Illiers, un « café Espéranto » le deuxième samedi de chaque mois organisé par Guillaume Véra-Navas.
À ces événements fonctionnant très bien depuis des années, j’ajoute les cercles de discussion sur Internet.
Cette année la fédération compte une centaine de membres, elle en avait presque 160 les années précédentes. Nous communiquons par le maximum de réseaux possibles : Facebook, Eventa Servo, Twitter, Whatsapp, Amikumu, Telegram, listes de diffusion et évidemment notre site esperanto.paris

EA : Depuis quelques mois, vous faites des événements régulièrement avec la seule ville jumelée avec Paris : Rome. Peux-tu nous dire comment ça se passe ? Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de faire ces événements en commun ?

MG : L’idée de contacter notre ville jumelle a été évoquée dès 2019 notamment grâce à un article de Raymonde Coquisart que j’avais lu dans la revue Esperanto d’UEA. Nous avons échangé nos vœux à l’occasion des fêtes de fin d’année. Depuis juin 2020 je suis en contact direct avec Debora Rossetti, la secrétaire du club de Rome, qui fait un travail formidable avec une énergie communicative.
Ensemble nous organisons tous les mois un cercle de discussion thématique sur Zoom (principale application de réunion en ligne). Après une première saison à deux villes (quoique des espérantistes du monde entier participent !), nous avons entamé une tournée mondiale virtuelle. Nous avons donc parlé à Tokyo en septembre, Séoul en octobre, et Pékin en novembre.
Nous organisons également des cours en commun, afin que les élèves des deux villes soient tout de suite dans une ambiance internationale et ne soient pas tentés de « crocodiler » [1]. Nous avons également mis en place des correspondances entre nos élèves. L’événement le plus exigeant en termes d’organisation est le club de lecture.

EA : Plus précisément, en début d’année prochaine, vous avez prévu de faire un groupe de lecture autour du livre Solaris. Peux-tu nous expliquer en quoi cela consiste ? Comment faire si l’on souhaite se joindre à ce groupe de lecture ?

MG : Le club de lecture est le projet le plus stimulant de notre collaboration. Son organisation est par contre la plus contraignante. Le principe est de parler d’une œuvre spécialement intéressante et de faire venir un spécialiste de la littérature ou l’auteur même pour nous parler du livre.
Les participants doivent en principe avoir lu l’œuvre en question pour profiter au mieux de l’événement et poser directement des questions pertinentes au spécialiste ou à l’auteur. Pour l’instant seulement 2 clubs de lecture ont eu lieu : lors du premier, nous avions invité Said Baluĉi pour nous parler de son livre Antologia skizo de la persa literaturo (Esquisse anthologique de la littérature perse). L’auteur de la préface, Giridhar Rao (Inde), et l’éditeur Dimitri Ŝevĉenko (Russie) avaient également participé.
Laure Patas d’Illiers a été la seconde invitée jusqu’ici et nous la réinviterons très certainement pour nous parler de son tout nouveau recueil de nouvelles de science-fiction Sur bluaj planedoj https://www.lulu.com/fr/spotlight/esperanto-france/.

JPEG - 161.3 koSolaris est le projet le plus exigeant jusque-là, car le livre n’existe pas en version numérique, ni payante ni gratuite. Ce chef-d’œuvre de la science-fiction a été traduit en espéranto par Pŝemek Wierbowski à l’occasion des cent ans de la naissance de Stanisław Lem, en 2021. Les négociations avec la fondation Lem n’ont porté que sur une version papier.
Pour que ce club de lecture ait lieu, il faut donc également organiser l’achat des livres ainsi que leur livraison, ce qui crée forcément une certaine inertie par rapport à une œuvre qui existerait au format numérique.
En février (la date précise n’est pas encore décidée) nous inviterons donc Pŝemek Wierbowski à nous parler de sa traduction, de la fabrication du livre, son édition, etc.). J’essaierai de faire venir également Tomasz Chmielik, qui a relu la traduction et contribué à l’édition.
Pour se joindre à ce club de lecture, c’est très simple, il faut :

EA : As-tu des conseils à donner aux clubs locaux qui voudraient mettre en place un groupe de lecture ou des événements de jumelage comme vous l’avez fait avec le club de Rome ?

MG : En ce qui concerne les villes jumelées, la clé est de trouver un club d’espérantistes dans votre ville jumelle. Mon conseil personnel serait, dans le cas contraire, de se rapprocher de la grande ville de votre région.
Pour les clubs de lecture, je ne donnerai pas de conseils, mais je partagerai cette expérience : les auteurs ou traducteurs espérantistes que j’ai eu l’occasion de contacter ont toujours accueilli mes propositions avec beaucoup de joie. Ils sont très heureux de pouvoir parler en direct à des gens qui ont fait l’effort de lire leurs livres.


[1crocodiler vient du verbe « krokodili » qui, en espéranto, est employé lorsqu’on parle dans sa langue maternelle au cours d’une rencontre où tout le monde parle en espéranto