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Foire aux questions

Qu’est-ce que l’espéranto ? L’espéranto est la langue de quel pays, de quel peuple ? Quel est le but de l’espéranto ? Comment peut-on apprendre l’espéranto ? Comment dit-on ... en espéranto ? Ça ressemble à quoi ? Comment ça sonne ? Combien de personnes parlent l’espéranto dans le monde ?

Et bien d’autres questions avec des éléments de réponse.

1. Qu’est-ce que l’espéranto ?

L’espéranto est une langue vivante.

2. L’espéranto est la langue de quel pays, de quel peuple ?

L’espéranto n’est la langue d’aucun peuple, d’aucun pays. L’espéranto est la langue seconde de personnes qui un peu partout dans le monde l’ont appris en complément de leur langue natale et d’autres étrangères, pour communiquer sur un pied d’égalité linguistique avec des personnes qui dans d’autres pays ont fait la même démarche.

3. Quel est le but de l’espéranto ?

Les objectifs principaux du mouvement espérantophone, tels que présentés dans le Manifeste de Prague, sont les suivants :

  • Démocratie
  • Éducation transnationale
  • Efficacité pédagogique
  • Plurilinguisme
  • Droits linguistiques
  • Diversité linguistique
  • Émancipation humaine

4. Comment peut-on apprendre l’espéranto ?

Il est possible d’apprendre l’espéranto en auto-apprentissage avec des cours sur internet ou une méthode imprimée traditionnelle, ou en participant à des cours ou stages. Il est aussi possible de combiner plusieurs solutions, par exemple apprendre les bases de l’espéranto sur internet puis en participant à un stage international pour passer à la pratique de la langue.

5. Comment dit-on... en espéranto ?

Il existe de nombreux dictionnaires d’espéranto : des dictionnaires tout en espéranto, des dictionnaires bilingues (dont bien sûr des dictionnaires français/espéranto et espéranto/français), et depuis quelques années des dictionnaires en ligne, dont l’un des plus connus est le Reta Vortaro, dictionnaire multilingue en ligne.

6. Ça ressemble à quoi ? Comment ça sonne ?

À l’oral, l’espéranto fait penser à l’espagnol ou à l’italien, à cause de son ton mélodique chantant et de ses très nombreuses terminaisons en a et en o. À l’écrit, avec ses accents circonflexes, il fait un peu penser au tchèque ou au serbo-croate. Mais dans sa grammaire, il est unique. Aucune autre langue vivante n’est plus simple.

7. Combien de personnes parlent l’espéranto dans le monde ?

Environ deux millions de personnes l’ont appris dans environ 150 pays du monde. On évalue à quelques centaines de milliers le nombre de personnes qui l’utilisent couramment dans des échanges internationaux.

8. Si l’espéranto n’appartient à aucun peuple, peut-il être une langue ?

Oui. Il existe d’autres langues qui n’appartiennent à aucun peuple. On les dit « supranationales ». C’était la situation du latin au Moyen-Âge. Aujourd’hui, le sanskrit, utilisé officiellement en Inde, est le produit d’un seul homme (Panini). Le swahili officiel, parlé en Afrique orientale, est un mélange de plusieurs dialectes organisés de manière à faciliter les échanges entre des peuples qui utilisent des langues différentes. Bien qu’il s’agisse là aussi d’une langue construite, elle a le statut de langue officielle de la Tanzanie, où on l’appelle « langue interterritoriale ». L’hébreu moderne et le breton unifié sont d’autres langues construites. En fait, il ne faut pas perdre de vue qu’une « langue » est d’abord et avant tout un outil de communication, comme le français, une langue construite à bien des points de vue.

9. Comment l’espéranto est-il apparu ?

La base de la langue est une brochure que le docteur Ludwig Lazare Zamenhof a publiée en 1887 à Varsovie, sous le titre Lingvo Internacia et portant le pseudonyme Doktoro Esperanto. Il est pour ainsi dire le père de la langue. Des hommes et des femmes de toutes sortes de nationalités souhaitaient un outil de communication planétaire pour approfondir leurs horizons culturels, mais ne disposaient pas du temps et de l’énergie pour apprendre les langues internationales de l’époque : le français d’abord, mais aussi l’allemand et l’anglais. Ces gens se sont mis à apprendre la langue à partir du matériel proposé par Zamenhof et ont constaté qu’ils l’assimilaient rapidement et qu’elle était adéquate pour la communication. Ils se sont mis à l’utiliser, d’abord par écrit, puis à l’oral. C’est ainsi qu’est née une collectivité qui, quinze ans après la publication de la brochure, comprenait déjà des gens de toutes les parties de la planète : Japon, Tunisie, Madagascar, Norvège, Islande, Canada, France, Brésil... Ils ont appris la langue pour communiquer, et ils se sont mis à communiquer abondamment. Plusieurs se sont également mis à écrire des œuvres dans cette langue. C’est ainsi que la proposition de Zamenhof est passée d’un projet écrit à une langue vivante qui évoluait selon le processus normal : l’usage.

10. Pourquoi adopter l’espéranto dans les relations internationales ?

Nos gouvernements envoient chaque année des millions de dollars pour le maintien des activités de plusieurs associations internationales comme l’ONU ou l’UNESCO. Cependant, il en coûte souvent jusqu’à près de 50% des budgets de ces organisations en frais de traducteurs et d’interprètes pour permettre à tous leurs membres de s’exprimer. Ne serait-il pas préférable que cet argent aille directement aux populations qui ont besoin d’aide économique ou humanitaire ? Lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé, sans étude sérieuse, de conférer à l’arabe et au chinois le statut de langues de travail, elle a accepté d’engager à cet effet un crédit initial de 5 000 000$ par an (OMS, 1975a), mais, la même année, on refusait, faute de fonds, des demandes de crédits très modestes :

Bangladesh - formation d’assistants médicaux, 148 200$ Malaisie - réadaptation des handicapés physiques, 130 500$ Birmanie - lutte contre la lèpre, 83 000$

République dominicaine - mesures d’assainissement de base, 26 000$
(OMS, 1975b)

En 1922, après une étude approfondie, une conférence internationale réunie par la Société des Nations recommandait à tous les États d’inscrire un cours d’espéranto dans leurs programmes d’enseignement (Société des Nations, 1922, p. 44). Les grandes puissances, surtout la France, qui craignait pour la position internationale du français, ont fait bloquer le projet. (Claude Piron.)

Seuls les pays développés ont les moyens de dispenser plusieurs années d’études de l’anglais ou d’autres langues dites « internationales » à leurs générations montantes. Ailleurs, seule l’élite, la classe la plus riche, peut se permettre les cours et les voyages d’immersion.

De plus, la situation actuelle affaiblit plusieurs cultures minoritaires. Qui dit apprentissage de l’anglais dit également immersion dans une culture anglo-saxonne. Plusieurs peuples à travers la planète se battent pour défendre leur culture et leur langue. Avec l’adoption de l’espéranto comme langue internationale, ces peuples pourraient conserver leur propre culture, tout en n’étant pas privés d’une communication efficace avec l’extérieur.

On estime qu’outre les 8% d’anglophones de souche, seulement 8,5% à 9% de la population mondiale sait soutenir une véritable conversation en anglais. Cette langue à l’orthographe difficile et aux 45 sons différents n’a donc pas encore fait les preuves qu’elle prétend avoir déjà montrées. Et, malgré les nombreuses percées des logiciels de traduction automatisée sur Internet, le contenu anglophone est encore difficilement accessible aux non-anglophones.

Avec un programme structuré d’enseignement de l’espéranto, il n’est même pas utopique de penser que plus de la moitié de la population mondiale pourrait utiliser l’espéranto après seulement quelques années d’étude.

Avec l’espéranto, il devient de plus en plus facile de voyager autrement qu’en touriste. L’anglais nous permet bien sûr de se faire comprendre du personnel des aéroports, des hôtels et des restaurants, mais il ne nous aide guère à connaître véritablement les peuples des pays visités, à moins qu’on voyage en pays anglophone.

Avec l’espéranto, des milliers de voyageurs entrent directement en contact avec les populations locales, grâce au Pasporta Servo, un service d’hébergement pour espérantophones

11. En quoi l’espéranto est-il si simple ?

L’espéranto s’apprend en moyenne cinq fois plus rapidement que n’importe quelle langue nationale ou ethnique (français, anglais, chinois, etc.) Il présente 16 règles de grammaire de base, une orthographe parfaitement régulière, une conjugaison logique et des règles de construction de mots si simples qu’elles constituent presque un jeu.

Avec l’espéranto, finies les dictées ! Il n’y a qu’une façon d’écrire chaque son et il n’y a qu’une manière de prononcer chaque lettre.

Principales règles de l’espéranto :

  • Les noms se terminent en -o : tablo, libro, kato, horo. (table, livre, chat, heure). * Les adjectifs se terminent en -a : bela, granda, dika, longa. (beau, grand, gras, long). * Les adverbes se terminent en -e : senkoste, afable, strange, videble. (gratuitement, gentiment, étrangement, visiblement). * Le pluriel se forme par l’ajout d’un -j (prononcé y) : Belaj, grandaj tabloj. (De belles grandes tables).

L’étudiant d’espéranto n’a pas à apprendre une foule d’exceptions, comme en français ou en anglais : bal/bals, bail/baux, chou/choux ou fly/flies, tooth/teeth, foot/feet, child/children. C’est en quelque sorte l’application de l’esprit mathématique à la langue !

Avec un jeu de préfixes (éléments à ajouter avant un mot) et de suffixes (éléments à ajouter après un mot), on obtient un vocabulaire très riche par la seule combinaison d’éléments, toujours les mêmes.

* mal (contraire de) bela (beau) malbela (laid)
* et (diminutif) libro (livre) libreto (livret)
* eg (augmentatif) rivero (rivière) riverego (fleuve)
* ar (rassemblement) lupo (loup) luparo (meute)
* in (féminin) porko (cochon) porkino (truie)
* re (à nouveau) vidi (voir) revidi (revoir)

Ainsi, l’espéranto permet l’économie d’une foule de mots français. Par exemple, avec (-aro), on forme tous les noms des « groupes ». lupo (loup) luparo meute de loups bovino (vache) bovinaro troupeau de vaches soldato (soldat) soldataro troupe de soldats chevalo (cheval) chevalaro horde de chevaux ŝtelisto (voleur) ŝtelistaro bande de voleurs fiŝo (poisson) fiŝaro banc de poissons homo (humain) homaro humanité leganto (lecteur) legantaro lectorat

Avec un vocabulaire de quelques centaines de mots, il devient facile de s’exprimer ou de comprendre un texte sans avoir toujours un dictionnaire à la main, puisque la logique nous aide à comprendre la signification des mots. Et il n’y a pas lieu de trouver ce procédé trop artificiel : ce n’est que l’application systématique de principes de création de mots français. Comparez :

* heureux/malheureux
* honnête/malhonnête
* fourche/fourchette
* maison/maisonnette
* faire/refaire
* venir/revenir

Comparé au français ou à l’anglais, pour lesquels il faut compter des années d’études pour des résultats très décevants, l’espéranto offre des résultats extraordinaires en deux ou trois mois d’étude, à raison d’une heure par jour.

La facilité varie selon la personne, la méthode d’apprentissage et les circonstances. Lors d’une expérience menée à Zagreb, on a pu démontrer qu’après seulement 36 heures d’apprentissage de l’espéranto, des enfants parvenaient à communiquer des informations que leurs camarades apprenant l’allemand n’arrivaient à exprimer qu’après quatre ans d’étude.

« Les spécialistes s’entendent généralement pour dire que la maîtrise d’une langue seconde telle que l’anglais exige environ 5 000 heures dans une période de temps concentré, alors que sa connaissance élémentaire exige 1 200 heures. Actuellement, nous sommes très loin du compte. La réforme du ministère de l’Éducation le réduit de 720 à 644 heures. En effet, si l’on additionne le temps prescrit par le ministère de l’Éducation pour ses programmes de base, l’élève aura accumulé 144 heures d’anglais à la fin du primaire et 500 heures de plus à la fin du secondaire, soit un total de 644 heures. » Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec (« Rapport Larose »), p. 67, 2001

12. Est-il possible d’y exprimer la philosophie, la poésie ou des sentiments délicats ?

Penser qu’il est impossible d’émettre des idées raffinées avec une langue simple, c’est un peu comme croire qu’il est impossible d’exprimer des idées complexes en utilisant un alphabet d’au maximum une trentaine de lettres. Pourtant avec nos 26 lettres latines, nous faisons les combinaisons qui nous permettent d’écrire sur tout, comme les sept notes de la gamme suffisent pour composer des symphonies. On peut faire une analogie semblable avec ce qu’on retrouve dans la nature : avec seulement quelques éléments chimiques, a créé des matières et des formes de vie d’une richesse incroyable. Ce qui rend une langue capable de richesse et de raffinement, ce ne sont pas des règles orthographiques, des exceptions nombreuses ou une grammaire qui tiendrait en 700 pages : c’est le droit de faire les combinaisons nécessaires librement, sans barrières inutiles. Ce genre de liberté caractérise l’espéranto.

13. Que signifie l’expression « le droit de faire des combinaisons » ?

L’espéranto, comme le chinois, consiste en un ensemble d’éléments invariables, qui s’unissent les uns aux autres pour former des mots. En chinois, « mon » n’est pas un mot à part. Les mots mon en français, my en anglais ou mi en espagnol n’ont rien à voir avec le pronom concerné soit respectivement je, I et yo. En chinois, je se dit wo et pour former mon, on y ajoute la marque de : wode=mon. L’espéranto fonctionne de la même manière. Les concepts sont exprimés par la combinaison d’éléments invariables. On utilise mi, qui veut dire je, puis on y ajoute la marque de l’adjectif (a) : mia=mon.

* mi = je / mia = mon / miaj = mes
* vi = tu / via = ton / viaj = tes
* li = il / lia = son / liaj = ses
* ni = nous / nia = notre / niaj = nos
* vi = vous / via = votre / viaj = vos
* ili = ils / ilia = leur / iliaj = leurs

Pour rendre le sens de l’anglais to heal, du français guérir ou de l’allemand heilen, l’espéranto utilise resanigi. Re- est équivalent au français ; san- est l’élément de base, qui exprime l’idée générale de la bonne condition physique ; ig signifie (faire en sorte que) [en allemand, rein=propre, reinigen=nettoyer]. Finalement, le i est la marque de l’infinitif. Resanigi, c’est donc faire-en-sorte-de-rendre-à-nouveau-sain. Grâce à ce droit à la combinaison libre, vous pouvez utiliser le même radical dans la même structure. Par exemple, à partir de jun- (jeune), vous pouvez vous-même former rejunigi (rajeunir), alors qu’en anglais, le fait de connaître le mot young ne vous est d’aucune aide pour vous souvenir du verbe rejuvenate. L’étudiant d’espéranto a pu exprimer la même idée que l’étudiant d’anglais, mais n’a eu à apprendre aucun nouveau mot, c’est tout !

14. Quel est le rapport entre la possibilité de combiner librement et la richesse d’expression ?

Les espérantophones créent spontanément de nouveaux mots qui n’existent pas dans leur langue maternelle, ou qu’ils ne connaissent pas. C’est ainsi qu’on utilise souvent samlingvano (personne qui parle la même langue), fotinda (qui vaut la peine d’être photographié) ou kisema (qui a tendance à embrasser). La combinaison libre de ces éléments rend la langue immensément riche, sans qu’elle y perde de sa simplicité. La première fois qu’on tient un dictionnaire bilingue français-espéranto/espéranto-français, on est d’abord surpris de constater que la section espéranto-français n’occupe souvent que le quart du dictionnaire. C’est que l’usager de l’espéranto a besoin d’un vocabulaire de base (radicaux) beaucoup plus restreint, puisqu’il forme lui-même les mots dont il a besoin. S’il a oublié le sens de pan (pain), il comprendra néanmoins le mot panisto (boulanger) après avoir cherché pan dans le dictionnaire, puisque -isto désigne la personne qui fait un métier relié à la racine qui précède.

15. Est-il possible d’exprimer la colère ou l’amour en espéranto ?

Bien entendu. Avez-vous déjà eu l’occasion d’être en colère dans une langue étrangère ? Si oui, vous avez probablement constaté qu’il est très difficile de s’exprimer dans ces conditions, à moins de très bien maîtriser la langue. Les règles de grammaire compliquées et l’impossibilité de composer des mots librement freinent votre élan. Dans une langue où tout fonctionne de façon régulière, vous exprimez vos sentiments beaucoup plus facilement que dans une langue où la formation des phrases se bute constamment à des interdits, des exceptions, etc. Il n’est pas aisé de se souvenir en tout temps que « livre » est masculin en français, neutre en allemand et féminin en russe. Ces complications, qui sont basées sur la tradition (donc : non fondées sur des réalités), freinent énormément le flux spontané de l’expression. Dans le feu de l’action, lorsqu’on veut exprimer son indignation, dire sa souffrance ou parler d’amour, une langue libérée de ces complications s’avère beaucoup plus pratique que les autres.

16. La régularité n’est-elle pas inhumaine ?

Pas du tout. Quelques autres langues, comme le cantonnais (chinois) ou l’indonésien, sont tout à fait régulières. Mais c’est surtout en observant le langage des enfants ou des étrangers en proie à de fortes émotions que vous comprendrez combien la régularité est naturelle, dans les langues humaines. Ces observations révèlent que la tendance la plus naturelle de l’expression linguistique humaine est la généralisation des éléments déjà assimilés. Par exemple, l’enfant anglophone, qui constate qu’on dit arm/arms, head/heads, leg/legs, dira foots, au lieu de feet. Ou l’enfant québécois qui dira le beau oiseau au lieu de bel oiseau. Ces gens ne font que suivre la tendance naturelle du cerveau à choisir le programme le plus régulier, conséquent et facile. L’espéranto suit cette tendance en tout temps. C’est pourquoi il est, psychologiquement, l’outil de communication le plus satisfaisant, sur le plan des échanges interculturels.

17. Est-ce qu’une langue peut exister sans histoire ?

Bien entendu. Au temps de Jules César, ni le français, l’italien ou l’espagnol n’existaient. Ils existent, aujourd’hui. Il fut donc un temps où ces langues étaient aussi jeunes que l’espéranto aujourd’hui. Les langues naissent et meurent. Il existe aujourd’hui des langues plus jeunes que l’espéranto, comme le pisin (une des langues officielles de la Nouvelle-Guinée) ou le romanche, quatrième langue officielle de la Suisse qui a été élaborée tout à fait consciemment par des linguistes dans les années 1980, à partir de différents dialectes, pour donner une langue unifiée aux citoyens romanches.

18. Il n’y a quand même pas de langue sans littérature, n’est-ce pas ?

Plusieurs langues (la majorité des 3000 langues du monde, en fait) ont longtemps vécu sans littérature, mais l’espéranto n’est pas l’une d’elles. Déjà, dans la première brochure de Zamenhof, on trouvait un poème qui prouvait le pouvoir d’expressivité de la langue, au moment même de sa naissance. Depuis le tout début, des gens ont senti qu’il était possible de s’exprimer bellement et richement en espéranto. Ils l’ont donc utilisé avec doigté et de cette utilisation constante est née une littérature plus riche que celle de la plupart des langues à leur premier siècle d’utilisation. Aujourd’hui, on publie un nouveau titre aux trois ou quatre jours, en espéranto. On estime à 50 000 le nombre de livres publiés dans cette langue. Il existe aussi des journaux, des CDs, et des bandes dessinées en espéranto.

19. L’espéranto est-il lié à une idéologie, à un parti politique, à une religion ?

Non. Il existe des associations espérantistes internationales de catholiques, de protestants, de bouddhistes, d’athées, etc. Dès le premier congrès d’espéranto, les délégués ont décrété que l’espéranto ne pouvait être lié à aucun parti ou religion. Néanmoins, dans plusieurs pays, des partis de gauche ou de droite sont favorables à l’espéranto. Certains soutiennent l’espéranto pour des raisons de fraternité universelle, d’autres pour les économies qu’il permettrait. En fait, il y a des espérantistes ou des gens favorables à l’espéranto dans presque tous les types de partis ou de médiums idéologiques.

20. Les espérantistes croient-ils vraiment qu’ils pourraient enrayer les guerres ?

Non. L’espéranto est bel et bien une incarnation de l’idée de respect réciproque entre les peuples. L’espéranto favorise le dialogue entre les gens de différentes cultures sur un pied d’égalité. C’est pourquoi les espérantistes se voient souvent attribuer l’étiquette d’utopistes (pelleteurs de nuages) qui voudraient établir une paix mondiale simplement par l’adoption d’une langue. Cette supposition est absurde : les espérantistes savent que l’utilisation d’une langue commune ne suffit pas à garantir des rapports pacifiques. La Révolution française, la Guerre de Sécession américaine et les conflits causés par les Khmers Rouges n’étaient quand même pas dus à des incompréhensions linguistiques !

21. L’espéranto est-il la langue de certaines familles ? Peut-il être une langue maternelle ?

Dans le monde de l’espéranto, on organise depuis plus de cent ans des congrès, des rencontres touristiques et des événements internationaux. Des jeunes gens s’y rencontrent fréquemment.
Dans ces conditions, est-il surprenant qu’ils forment parfois des couples internationaux dont la seule langue commune est l’espéranto ? L’espéranto devient alors naturellement l’une des langues maternelles des enfants nés de ces unions.

22. L’espéranto a-t-il sa propre terminologie des spécialités ?

Olimpiko
 - Oui. Dans plusieurs domaines des sciences, de la philosophie ou de la sociopolitique, l’espéranto dispose souvent d’une terminologie plus à jour que celle de grandes langues.
Il existe des comités espéranto de terminologie au sein de plusieurs associations professionnelles internationales. Leurs travaux sont supervisés par l’Académie d’espéranto, qui assure la normalisation de la langue. Quelques exemples, disponibles sur Internet :

23. Avec ses accents, comment l’espéranto s’adapte-t-il à l’informatique ?

Libera Folio
 - E. Richard La plupart des systèmes informatiques et des logiciels existent en de multiples langues, et certains, tels Linux ou la suite bureautique Libre Office ont même une version en espéranto. Depuis l’apparition de la norme Unicode, produire et afficher des textes en espéranto dans lesquels les accents apparaissent correctement n’est plus un problème.
Des outils ou des configurations de clavier permettent de saisir directement les caractères accentués, y compris sur les téléphones ou les tablettes.
Les outils informatiques permettent donc d’utiliser l’espéranto comme n’importe quelle autre langue.

24. Si l’espéranto est si génial, pourquoi s’est-il si peu répandu ?

C’est une question extrêmement complexe dont la réponse fait appel à plusieurs facteurs politiques, sociaux et psychologiques. La manière la plus concise d’expliquer ce phénomène consisterait probablement à dire que l’espéranto est un miracle. Qu’une langue vivante, riche d’expressivité, adéquate en tous points puisse naître du travail d’un seul jeune homme sans le sou, c’était très improbable.
Le scepticisme naturel s’est allié aux intérêts politiques et sociaux pour empêcher la compréhension des véritables buts de l’espéranto. On en a vu les premiers effets dès 1922, quand l’Iran a demandé qu’on utilise l’espéranto comme langue de travail à la Société des Nations (ancêtre de l’Organisation des Nations Unies) : les grandes nations s’y sont opposées. Aujourd’hui encore, même si ses locuteurs ne sont plus persécutés, comme ils ont pu l’être sous Staline, l’espéranto reste ignoré des gouvernements de la plupart des pays.

25. L’espéranto n’est-il pas trop occidental ?

Par sa structure, la forme de ses mots, l’espéranto est plus proche des langues de l’Asie orientale que des langues indo-européennes comme le français ou l’anglais.
Par son style et sa syntaxe, l’espéranto est plus proche des langues slaves comme le russe ou le polonais. Phonétiquement, il ressemble plutôt à un mélange de langues slaves du sud (serbo-croate) et de langues latines.
Par son vocabulaire, il vient à 75 % du latin et compte 20 % de racines germaniques (allemand, anglais, néerlandais). Les 5 % restants sont attribués aux autres groupes de langues (grec, japonais, arabe, etc.).
On a constaté que pour un Japonais typique, à raison du même nombre d’heures d’étude hebdomadaire, une année d’espéranto permet d’atteindre un niveau de communication équivalent à 8 à 10 ans d’anglais. Le succès inégalé des Asiatiques aux concours littéraires espérantistes prouve année après année que ces peuples se sentent à l’aise en espéranto, puisque son fonctionnement interne leur est familier.

26. On a peu de chances de se faire comprendre en espéranto dans la rue, à l’étranger...

C’est vrai. Mais c’est également vrai pour toute langue qui n’est pas la langue locale. Essayez donc de discuter en anglais avec quelqu’un dans la rue, en France ! Saviez-vous qu’à Hong Kong, pourtant britannique de 1842 à 1997, 90 % des policiers sont incapables de donner la moindre information en anglais ?
En fait, seulement 16 % de la population mondiale peut s’exprimer en anglais, dont la moitié sont les natifs de cette langue. Vous n’avez vraiment de bonnes chances d’avoir une réponse en anglais que dans les pays de langues germaniques (Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, etc.). En dehors de ces pays, pour parler l’anglais de façon satisfaisante, il faut vous rabattre sur des endroits bien définis : hôtels, compagnies d’aviation, bureaux touristiques, contacts d’affaires, etc.
Avec l’espéranto, vous adhérez à une association d’espéranto et vous recevez une liste des représentants des associations locales du monde entier. Vous pouvez également vous joindre au Pasporta Servo, un réseau d’hébergement gratuit pour espérantophones. La seule condition ? Parler l’espéranto.

27. Les espérantistes ne souffrent-ils pas d’un manque d’esprit propre à leur langue ?

L’espéranto a son propre esprit. Ce qui définit l’esprit d’une langue, c’est l’histoire de sa collectivité et sa structure. La liberté de combinaison des éléments linguistiques est en elle-même un élément de l’esprit de la langue. Mais la vie littéraire a elle aussi forgé l’esprit de la langue, ainsi que la tradition des congrès, des rencontres internationales et des visites réciproques.
En fait, chaque collectivité compose son propre esprit, après quelque temps. Le même phénomène est observable dans les églises, les chœurs, les équipes sportives ou les partis politiques. La collectivité espérantiste, en un siècle d’existence, a acquis peu à peu son propre esprit, avec ses références culturelles, ses blagues et jeux de mots intraduisibles, ses usages, etc.

28. L’espéranto est-il le seul projet de langue internationale ?

De nombreux projets de langues construites ont été inventées au cours des sièges, pour différentes raisons (communication, cryptage, esthétique, etc.). Des philosophes, comme Descartes, se sont penchés dès le XVIIe siècle sur la possibilité d’inventer une langue pour la communication. Des esprits ont exploré la voie des pasigraphies (conventions visuelles de lettres, de nombres, d’idéogrammes...) et des pasilalies (conventions audio-visuelles).

Ces dernières se divisent en deux groupes : les langues a priori, construites à partir de schémas préétablis, faisant fi de toutes les langues existantes. Enfin, l’espéranto fait partie des dernières, les langues a posteriori, qui préfèrent améliorer des fonds linguistiques existant déjà.

La plupart des langues inventées avant l’espéranto étaient a priori : elles ne faisaient que peu écho aux réflexes humains et n’ont guère attiré les foules. Plusieurs langues ont été inventées à la même époque que l’espéranto (volapük en 1880) ou plus tard (ido, interlingua), mais aucune d’elles n’a attiré une communauté de locuteurs comparable à celle de l’espéranto.

L’ido, la seule langue qui soit entrée en concurrence avec l’espéranto à un moment de l’histoire, est appelé par ses partisans « espéranto amélioré », alors qu’il abandonne plusieurs des principes qui ont fait le succès de l’espéranto : une prononciation = une lettre, régularité de l’accent tonique, régularité des désinences, etc. Pour ses raisons, l’ido a rapidement décliné.

Aujourd’hui parmi tous les projets de langues construites internationales imaginées, seul l’espéranto est devenu une langue vivante avec une communauté active de locuteurs partout dans le monde.

29. Quels sont les avantages à apprendre l’espéranto, pour le moment ?

  • Voyages à peu de frais grâce au Pasporta Servo.
  • Plaisir d’apprendre une nouvelle langue rapidement, comme un jeu.
  • Accès à une vaste littérature sur Internet, en librairie ou par emprunt dans une bibliothèque espéranto.
  • Accès à un réseau mondial d’espérantophones, via Internet, la correspondance ou les rencontres locales et internationales.

30. L’espéranto est-il une langue sexiste ?

On apprend que le féminin se construit en ajoutant le suffixe -in- à la racine du mot masculin, mais il est possible à partir de l’adjectif « ina » (féminin) de construire le mot « malina » (masculin).
Il existe également des suffixes non officiels : -iĉ- pour les êtres de sexe masculin et -ip- pour les personnes non binaires .
Mais il convient de préciser qu’il ne s’agit pas ici de genre grammatical : il n’y a en espéranto ni masculin, ni féminin, ni neutre.

Pour ce qui est de la construction des mots « familiaux » (père et mère, frère et sœur, oncle et tante, etc.), le choix d’une seule racine pour simplifier l’apprentissage est justement un avantage pour la mémoire des locuteurs non européens.
L’utilisation de la racine « patr », « frat » et « onkl » pour les deux sexes, avec l’habitude, n’est pas plus dérangeant que de dire en français cousin/cousine, frangin/frangine, alors qu’un Allemand verra une prédominance féminine dans kuzo/kuzino par rapport à Vetter/Cousine !
Inversement, les mots edzo/edzino et fraŭlo/fraŭlino sont construits à partir de racines d’abord féminines.

L’espéranto n’est pas parfait, mais il est un bon compromis entre plusieurs grands principes (mémorisation et internationalité des racines).

31. Et si je demeure sceptique ?

Seule l’expérience peut vous permettre de juger. Aussi longtemps que vous ne connaîtrez l’espéranto que de l’extérieur, vous ne le connaîtrez pas. Pouvons-nous vraiment savoir ce qu’est le parachutisme sans jamais avoir sauté ? Pouvons-nous vraiment connaître la vie dans un village africain sans jamais y avoir mis les pieds ? C’est la même chose pour les langues. Pour pouvoir juger de leurs qualités, leur utilité et leur valeur, il n’y aucune autre manière que de les apprendre.
Comme sa grammaire, qui respecte chaque élément linguistique, l’espéranto respecte la liberté de chaque être humain. Il ne s’impose jamais. Il ne fait jamais de publicité agressive. Pourtant, il se répand peu à peu, il atteint de nouveaux territoires, de nouveaux médias. Sans aide économique, étatique ou politique, il ne se fait connaître que par ses qualités, qui irradient naturellement. Si vous voulez participer à cette vie riche, vous êtes bienvenu(e). Si vous préférez rester en retrait, votre choix est respecté.
La décision vous appartient...

31 questions et réponses sur l’espéranto

http://www.esperanto.qc.ca/fr/accueil/

1. Qu’est-ce que l’espéranto ?

C’est une langue.


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2. L’espéranto est la langue de quel pays, de quel peuple ?

L’espéranto n’est la langue d’aucun peuple, d’aucun pays. Il appartient à une communauté de gens qui apprennent la langue et qui l’utilisent pour leurs communications internationales.


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3. Quel est le but de l’espéranto ?

Les objectifs principaux du mouvement espérantophone, tels que présentés dans le Manifeste de Prague, sont les suivants :

* Démocratie
* Éducation transnationale
* Efficacité pédagogique
* Plurilinguisme
* Droits linguistiques
* Diversité linguistique
* Émancipation humaine


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4. Comment peut-on apprendre l’espéranto ?

Il est possible d’apprendre la langue en utilisant les cours sur Internet, en se procurant une méthode imprimée ou en contactant votre association d’espéranto pour connaître les possibilités de cours.


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5. Comment dit-on ... en espéranto ?

Avant de nous envoyer une question par courrier électronique, vous pouvez vérifier dans notre section vocabulaire.


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6. Ça ressemble à quoi ? Comment ça sonne ?

À l’oral, l’espéranto fait penser à l’espagnol ou à l’italien, à cause de son ton mélodique chantant et de ses très nombreuses terminaisons en a et en o. À l’écrit, avec ses accents circonflexes, il fait un peu penser au tchèque ou au serbo-croate. Mais dans sa grammaire, il est unique. Aucune autre langue vivante n’est plus simple.


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7. Combien de personnes parlent espéranto dans le monde ?

Environ deux millions de personnes l’ont appris dans environ 150 pays du monde. On évalue à quelques centaines de milliers le nombre de personnes qui l’utilisent couramment dans des échanges internationaux.


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8. Si l’espéranto n’appartient à aucun peuple, peut-il être une langue ?

Oui. Il existe des langues qui n’appartiennent à aucun peuple. On les dit « supranationales ». C’était la situation du latin au Moyen-Âge. Aujourd’hui, le sanskrit, utilisé officiellement en Inde, est le produit d’un seul homme (Panini). Le swahili officiel, parlé en Afrique orientale, est un mélange de plusieurs dialectes organisés de manière à faciliter les échanges entre des peuples qui utilisent des langues différentes. Malgré qu’il s’agisse là aussi d’une langue artificielle, elle a le statut de langue officielle de la Tanzanie, où on l’appelle « langue interterritoriale ». En fait, il ne faut pas perdre de vue qu’une « langue » est d’abord et avant tout un outil de communication, comme le français, une langue artificielle à bien des points de vue.


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9. Comment l’espéranto est-il apparu ?

La base de la langue est une brochure que le docteur Ludwig Lazare Zamenhof a publiée en 1887 à Varsovie, sous le titre Lingvo Internacia et portant le pseudonyme Doktoro Esperanto. Il est pour ainsi dire le père de la langue. Des hommes et des femmes de toutes sortes de nationalités souhaitaient un outil de communication planétaire pour approfondir leurs horizons culturels, mais ne disposaient pas du temps et de l’énergie pour apprendre les langues internationales de l’époque : le français d’abord, mais aussi l’allemand et l’anglais. Ces gens se sont mis à apprendre la langue à partir du matériel proposé par Zamenhof et ont constaté qu’ils l’assimilaient rapidement et qu’elle était adéquate pour la communication. Ils se sont mis à l’utiliser, d’abord par écrit, puis à l’oral. C’est ainsi qu’est née une collectivité qui, quinze ans après la publication de la brochure, comprenait déjà des gens de toutes les parties de la planète : Japon, Tunisie, Madagascar, Norvège, Islande, Canada, France, Brésil... Ils ont appris la langue pour communiquer, et ils se sont mis à communiquer abondamment. Plusieurs se sont également mis à écrire des œuvres dans cette langue. C’est ainsi que la proposition de Zamenhof est passée d’un projet écrit à une langue vivante qui évoluait selon le processus normal : l’usage.


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10. Pourquoi adopter l’espéranto dans les relations internationales ?

Nos gouvernements envoient chaque année des millions de dollars pour le maintien des activités de plusieurs associations internationales comme l’ONU ou l’UNESCO. Cependant, il en coûte souvent jusqu’à près de 50% des budgets de ces organisations en frais de traducteurs et d’interprètes pour permettre à tous leurs membres de s’exprimer. Ne serait-il pas préférable que cet argent aille directement aux populations qui ont besoin d’aide économique ou humanitaire ?
Lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé, sans étude sérieuse, de conférer à l’arabe et au chinois le statut de langues de travail, elle a accepté d’engager à cet effet un crédit initial de 5 000 000$ par an (OMS, 1975a), mais, la même année, on refusait, faute de fonds, des demandes de crédits très modestes :

Bangladesh - formation d’assistants médicaux, 148 200$
Malaisie - réadaptation des handicapés physiques, 130 500$
Birmanie - lutte contre la lèpre, 83 000$

République dominicaine - mesures d’assainissement de base, 26 000$

(OMS, 1975b)

En 1922, après une étude approfondie, une conférence internationale réunie par la Société des Nations recommandait à tous les États d’inscrire un cours d’espéranto dans leurs programmes d’enseignement (Société des Nations, 1922, p. 44). Les grandes puissances, surtout la France, qui craignait pour la position internationale du français, ont fait bloquer le projet. (Claude Piron.)

Seuls les pays développés ont les moyens de dispenser plusieurs années d’études de l’anglais ou d’autres langues dites « internationales » à leurs générations montantes. Ailleurs, seule l’élite, la classe la plus riche, peut se permettre les cours et les voyages d’immersion.

De plus, la situation actuelle affaiblit plusieurs cultures minoritaires. Qui dit apprentissage de l’anglais dit également immersion dans une culture anglo-saxonne. Plusieurs peuples à travers la planète se battent pour défendre leur culture et leur langue. Avec l’adoption de l’espéranto comme langue internationale, ces peuples pourraient conserver leur propre culture, tout en n’étant pas privés d’une communication efficace avec l’extérieur.

On estime qu’outre les 8% d’anglophones de souche, seulement 8,5% à 9% de la population mondiale sait soutenir une véritable conversation en anglais. Cette langue à l’orthographe difficile et aux 45 sons différents n’a donc pas encore fait les preuves qu’elle prétend avoir déjà montrées. Et, malgré les nombreuses percées des logiciels de traduction automatisée sur Internet, le contenu anglophone est encore difficilement accessible aux non-anglophones.

Avec un programme structuré d’enseignement de l’espéranto, il n’est même pas utopique de penser que plus de la moitié de la population mondiale pourrait utiliser l’espéranto après seulement quelques années d’étude.

Avec l’espéranto, il devient de plus en plus facile de voyager autrement qu’en touriste. L’anglais nous permet bien sûr de se faire comprendre du personnel des aéroports, des hôtels et des restaurants, mais il ne nous aide guère à connaître véritablement les peuples des pays visités, à moins qu’on voyage en pays anglophone.

Avec l’espéranto, des milliers de voyageurs entrent directement en contact avec les populations locales, grâce au Pasporta Servo, un service d’hébergement pour espérantophones.


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11. En quoi l’espéranto est-il si simple ?

L’espéranto s’apprend en moyenne cinq fois plus rapidement que n’importe quelle langue nationale ou ethnique (français, anglais, chinois, etc.) Il présente 16 règles de grammaire de base, une orthographe parfaitement régulière, une conjugaison logique et des règles de construction de mots si simples qu’elles constituent presque un jeu.

Avec l’espéranto, finies les dictées ! Il n’y a qu’une façon d’écrire chaque son et il n’y a qu’une manière de prononcer chaque lettre.

Principales règles de l’espéranto :

* Les noms se terminent en -o :
tablo, libro, kato, horo. (table, livre, chat, heure).
* Les adjectifs se terminent en -a :
bela, granda, dika, longa. (beau, grand, gras, long).
* Les adverbes se terminent en -e :
senkoste, afable, strange, videble. (gratuitement, gentiment, étrangement, visiblement).
* Le pluriel se forme par l’ajout d’un -j (prononcé y) :
Belaj, grandaj tabloj. (De belles grandes tables).

L’étudiant d’espéranto n’a pas à apprendre une foule d’exceptions, comme en français ou en anglais : bal/bals, bail/baux, chou/choux ou fly/flies, tooth/teeth, foot/feet, child/children. C’est en quelque sorte l’application de l’esprit mathématique à la langue !

Avec un jeu de préfixes (éléments à ajouter avant un mot) et de suffixes (éléments à ajouter après un mot), on obtient un vocabulaire très riche par la seule combinaison d’éléments, toujours les mêmes.

  • mal (contraire de) bela (beau) malbela (laid)
  • et (diminutif) libro (livre) libreto (livret)
  • eg (augmentatif) rivero (rivière) riverego (fleuve)
  • ar (rassemblement) lupo (loup) luparo (meute)
  • in (féminin) porko (cochon) porkino (truie)
  • re (à nouveau) vidi (voir) revidi (revoir)

Ainsi, l’espéranto permet l’économie d’une foule de mots français. Par exemple, avec (-aro), on forme tous les noms des « groupes ».
lupo (loup) luparo meute de loups
bovino (vache) bovinaro troupeau de vaches
soldato (soldat) soldataro troupe de soldats
chevalo (cheval) chevalaro horde de chevaux
ŝtelisto (voleur) ŝtelistaro bande de voleurs
fiŝo (poisson) fiŝaro banc de poissons
homo (humain) homaro humanité
leganto (lecteur) legantaro lectorat

Avec un vocabulaire de quelques centaines de mots, il devient facile de s’exprimer ou de comprendre un texte sans avoir toujours un dictionnaire à la main, puisque la logique nous aide à comprendre la signification des mots. Et il n’y a pas lieu de trouver ce procédé trop artificiel : ce n’est que l’application systématique de principes de création de mots français. Comparez :

* heureux/malheureux
* honnête/malhonnête
* fourche/fourchette
* maison/maisonnette
* faire/refaire
* venir/revenir

Comparé au français ou à l’anglais, pour lesquels il faut compter des années d’études pour des résultats très décevants, l’espéranto offre des résultats extraordinaires en deux ou trois mois d’étude, à raison d’une heure par jour.

La facilité varie selon la personne, la méthode d’apprentissage et les circonstances. Lors d’une expérience menée à Zagreb, on a pu démontrer qu’après seulement 36 heures d’apprentissage de l’espéranto, des enfants parvenaient à communiquer des informations que leurs camarades apprenant l’allemand n’arrivaient à exprimer qu’après quatre ans d’étude.

« Les spécialistes s’entendent généralement pour dire que la maîtrise d’une langue seconde telle que l’anglais exige environ 5 000 heures dans une période de temps concentré, alors que sa connaissance élémentaire exige 1 200 heures. Actuellement, nous sommes très loin du compte. La réforme du ministère de l’Éducation le réduit de 720 à 644 heures. En effet, si l’on additionne le temps prescrit par le ministère de l’Éducation pour ses programmes de base, l’élève aura accumulé 144 heures d’anglais à la fin du primaire et 500 heures de plus à la fin du secondaire, soit un total de 644 heures. »
Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec (« Rapport Larose »), p. 67, 2001


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12. Est-il possible d’y exprimer la philosophie, la poésie ou des sentiments délicats ?

Penser qu’il est impossible d’émettre des idées raffinées avec une langue simple, c’est un peu comme croire qu’il est impossible d’exprimer des idées complexes en utilisant un alphabet d’au maximum une trentaine de lettres. Pourtant avec nos 26 lettres latines, nous faisons les combinaisons qui nous permettent d’écrire sur tout, comme les sept notes de la gamme suffisent pour composer des symphonies. On peut faire une analogie semblable avec ce qu’on retrouve dans la nature : avec seulement quelques éléments chimiques, a créé des matières et des formes de vie d’une richesse incroyable. Ce qui rend une langue capable de richesse et de raffinement, ce ne sont pas des règles orthographiques, des exceptions nombreuses ou une grammaire qui tiendrait en 700 pages : c’est le droit de faire les combinaisons nécessaires librement, sans barrières inutiles. Ce genre de liberté caractérise l’espéranto.


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13. Que signifie l’expression « le droit de faire des combinaisons » ?

L’espéranto, comme le chinois, consiste en un ensemble d’éléments invariables, qui s’unissent les uns aux autres pour former des mots. En chinois, « mon » n’est pas un mot à part. Les mots mon en français, my en anglais ou mi en espagnol n’ont rien à voir avec le pronom concerné soit respectivement je, I et yo. En chinois, je se dit wo et pour former mon, on y ajoute la marque de : wode=mon. L’espéranto fonctionne de la même manière. Les concepts sont exprimés par la combinaison d’éléments invariables. On utilise mi, qui veut dire je, puis on y ajoute la marque de l’adjectif (a) : mia=mon.

  • mi = je / mia = mon / miaj = mes
  • vi = tu / via = ton / viaj = tes
  • li = il / lia = son / liaj = ses
  • ni = nous / nia = notre / niaj = nos
  • vi = vous / via = votre / viaj = vos
  • ili = ils / ilia = leur / iliaj = leurs

Pour rendre le sens de l’anglais to heal, du français guérir ou de l’allemand heilen, l’espéranto utilise resanigi. Re est équivalent au français ; san est l’élément de base, qui exprime l’idée générale de la bonne condition physique ; ig signifie (faire en sorte que) [en allemand, rein=propre, reinigen=nettoyer]. Finalement, le i est la marque de l’infinitif. Resanigi, c’est donc faire-en-sorte-de-rendre-à-nouveau-sain.
Grâce à ce droit à la combinaison libre, vous pouvez utiliser le même radical dans la même structure. Par exemple, à partir de jun (jeune), vous pouvez vous-même former rejunigi (rajeunir), alors qu’en anglais, le fait de connaître le mot young ne vous est d’aucune aide pour vous souvenir du verbe rejuvenate. L’étudiant d’espéranto a pu exprimer la même idée que l’étudiant d’anglais, mais n’a eu à apprendre aucun nouveau mot, c’est tout ! [Autres exemples]


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14. Quel est le rapport entre la possibilité de combiner librement et la richesse d’expression ?

Les espérantophones créent spontanément de nouveaux mots qui n’existent pas dans leur langue maternelle, ou qu’ils ne connaissent pas. C’est ainsi qu’on utilise souvent samlingvano (personne qui parle la même langue), fotinda (qui vaut la peine d’être photographié) ou kisema (qui a tendance à embrasser). La combinaison libre de ces éléments rend la langue immensément riche, sans qu’elle y perde de sa simplicité. La première fois qu’on tient un dictionnaire bilingue français-espéranto/espéranto-français, on est d’abord surpris de constater que la section espéranto-français n’occupe souvent que le quart du dictionnaire. C’est que l’usager de l’espéranto a besoin d’un vocabulaire de base (radicaux) beaucoup plus restreint, puisqu’il forme lui-même les mots dont il a besoin. S’il a oublié le sens de pan (pain), il comprendra néanmoins le mot panisto (boulanger) après avoir cherché pan dans le dictionnaire, puisque -isto désigne la personne qui fait un métier relié à la racine qui précède.

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15. Est-il possible d’exprimer la colère ou l’amour en espéranto ?

Bien entendu. Avez-vous déjà eu l’occasion d’être en colère dans une langue étrangère ? Si oui, vous avez probablement constaté qu’il est très difficile de s’exprimer dans ces conditions, à moins de très bien maîtriser la langue. Les règles de grammaire compliquées et l’impossibilité de composer des mots librement freinent votre élan. Dans une langue où tout fonctionne de façon régulière, vous exprimez vos sentiments beaucoup plus facilement que dans une langue où la formation des phrases se bute constamment à des interdits, des exceptions, etc. Il n’est pas aisé de se souvenir en tout temps que « livre » est masculin en français, neutre en allemand et féminin en russe. Ces complications, qui sont basées sur la tradition (donc : non fondées sur des réalités), freinent énormément le flux spontané de l’expression. Dans le feu de l’action, lorsqu’on veut exprimer son indignation, dire sa souffrance ou parler d’amour, une langue libérée de ces complications s’avère beaucoup plus pratique que les autres.


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16. La régularité n’est-elle pas inhumaine ?

Pas du tout. Quelques autres langues, comme le cantonnais (chinois) ou l’indonésien, sont tout à fait régulières. Mais c’est surtout en observant le langage des enfants ou des étrangers en proie à de fortes émotions que vous comprendrez combien la régularité est naturelle, dans les langues humaines. Ces observations révèlent que la tendance la plus naturelle de l’expression linguistique humaine est la généralisation des éléments déjà assimilés. Par exemple, l’enfant anglophone, qui constate qu’on dit arm/arms, head/heads, leg/legs, dira foots, au lieu de feet. Ou l’enfant québécois qui dira le beau oiseau au lieu de bel oiseau. Ces gens ne font que suivre la tendance naturelle du cerveau à choisir le programme le plus régulier, conséquent et facile. L’espéranto suit cette tendance en tout temps. C’est pourquoi il est, psychologiquement, l’outil de communication le plus satisfaisant, sur le plan des échanges interculturels.


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17. Est-ce qu’une langue peut exister sans histoire ?

Bien entendu. Au temps de Jules César, ni le français, l’italien ou l’espagnol n’existaient. Ils existent, aujourd’hui. Il fut donc un temps où ces langues étaient aussi jeunes que l’espéranto aujourd’hui. Les langues naissent et meurent. Il existe aujourd’hui des langues plus jeunes que l’espéranto, comme le pisin (une des langues officielles de la Nouvelle-Guinée) ou le romanche, quatrième langue officielle de la Suisse qui a été élaborée tout à fait consciemment par des linguistes dans les années 1980, à partir de différents dialectes, pour donner une langue unifiée aux citoyens romanches.


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18. Il n’y a quand même pas de langue sans littérature, n’est-ce pas ?

Plusieurs langues (la majorité des 3000 langues du monde, en fait) ont longtemps vécu sans littérature, mais l’espéranto n’est pas l’une d’elles. Déjà, dans la première brochure de Zamenhof, on trouvait un poème qui prouvait le pouvoir d’expressivité de la langue, au moment même de sa naissance. Depuis le tout début, des gens ont senti qu’il était possible de s’exprimer bellement et richement en espéranto. Ils l’ont donc utilisé avec doigté et de cette utilisation constante est née une littérature plus riche que celle de la plupart des langues à leur premier siècle d’utilisation.
Aujourd’hui, on publie un nouveau titre aux trois ou quatre jours, en espéranto. On estime à 50 000 le nombre de livres publiés dans cette langue. Il existe aussi des journaux, des CDs, et des bandes dessinées en espéranto.


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19. L’espéranto est-il lié à une idéologie, à un parti politique, à une religion ?

Non. Il existe des associations espérantistes internationales de catholiques, de protestants, de bouddhistes, d’athées, etc. Dès le premier congrès d’espéranto, les délégués ont décrété que l’espéranto ne pouvait être lié à aucun parti ou religion. Néanmoins, dans plusieurs pays, des partis de gauche ou de droite sont favorables à l’espéranto. Certains soutiennent l’espéranto pour des raisons de fraternité universelle, d’autres pour les économies qu’il permettrait. En fait, il y a des espérantistes ou des gens favorables à l’espéranto dans presque tous les types de partis ou de médiums idéologiques.


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20. Les espérantistes croient-ils vraiment qu’ils pourraient enrayer les guerres ?

Non. L’espéranto est bel et bien une incarnation de l’idée de respect réciproque entre les peuples. L’espéranto favorise le dialogue entre les gens de différentes cultures sur un pied d’égalité. C’est pourquoi les espérantistes se voient souvent attribuer l’étiquette d’utopistes (pelleteurs de nuages) qui voudraient établir une paix mondiale simplement par l’adoption d’une langue. Cette supposition est absurde : les espérantistes savent que l’utilisation d’une langue commune ne suffit pas à garantir des rapports pacifiques. La Révolution française, la Guerre de Sécession américaine et les conflits causés par les Khmers Rouges n’étaient quand même pas dus à des incompréhensions linguistiques !


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21. L’espéranto est-il la langue de certaines familles ? Peut-il être une langue maternelle ?

Dans le monde de l’espéranto, on organise depuis plus de cent ans des congrès, des rencontres touristiques et des événements internationaux. Des jeunes gens s’y rencontrent fréquemment. Dans ces conditions, est-il alors surprenant qu’ils forment parfois des couples internationaux dont la seule langue commune est l’espéranto ? L’espéranto devient alors naturellement l’une des langues maternelles des enfants nés de ces unions.


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22. L’espéranto a-t-il sa propre terminologie des spécialités ?

Oui. Dans plusieurs domaines des sciences, de la philosophie ou de la sociopolitique, l’espéranto dispose souvent d’une terminologie plus à jour que celle de grandes langues. Il existe des comités espéranto de terminologie au sein de plusieurs associations professionnelles internationales. Leurs travaux sont supervisés par l’Académie d’espéranto, qui assure la normalisation de la langue. Quelques exemples, disponibles sur Internet :

  • Informatique : Dictionnaire espéranto/anglais
  • Proverbes et locutions : Dictionnaire unilingue espéranto
  • Météorologie : Dictionnaire unilingue espéranto
  • Zoologie (mammifères : Dictionnaire espéranto/latin
  • Zoologie (insectes) : Dictionnaire espéranto/latin


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23. Avec ses accents, comment l’espéranto s’adapte-t-il à l’informatique ?

La plupart des systèmes informatiques et des logiciels existent en de multiples langues, et certains, tels Linux ou la suite bureautique Libre Office ont même une version en espéranto. Depuis l’apparition de la norme Unicode, produire et afficher des textes en espéranto dans lesquels les accents apparaissent correctement n’est plus un problème.
Des outils ou des configurations de clavier permettent de saisir directement les caractères accentués, y compris sur les téléphones ou les tablettes.
Les outils informatiques permettent donc d’utiliser l’espéranto comme n’importe quelle autre langue.


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24. Si l’espéranto est si génial, pourquoi s’est-il si peu répandu ?

C’est une question extrêmement complexe dont la réponse fait appel à plusieurs facteurs politiques, sociaux et psychologiques. La manière la plus concise d’expliquer ce phénomène consisterait probablement à dire que l’espéranto est un miracle. Qu’une langue vivante, riche d’expressivité, adéquate en tous points puisse naître du travail d’un seul jeune homme sans le sou, c’était très improbable. Le scepticisme naturel s’est allié aux intérêts politiques et sociaux pour empêcher la compréhension des véritables buts de l’espéranto. On en a vu les premiers effets dès 1922, quand l’Iran a demandé qu’on utilise l’espéranto comme langue de travail à la Société des Nations (ancêtre de l’Organisation des Nations Unies) : les grandes nations s’y sont opposées. Aujourd’hui, alors que la Chine populaire subventionne de façon importante le mouvement espérantiste et que de plus en plus de parlementaires européens favorisent l’utilisation de l’espéranto, les principaux opposants à l’espéranto demeurent les États-Unis et autres pays anglo-saxons, qui fondent leur dominations économique et culturelle sur l’utilisation de sa langue par les élites locales dans le monde entier.


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25. L’espéranto n’est-il pas trop occidental ?

Par sa structure, la forme de ses mots, l’espéranto est plus proche des langues de l’Asie orientale que des langues indo-européennes comme le français ou l’anglais.
Par son style et sa syntaxe, l’espéranto est plus proche des langues slaves comme le russe ou le polonais. Phonétiquement, il ressemble plutôt à un mélange de langues slaves du sud (serbo-croate) et de langues latines.
Par son vocabulaire, il vient à 75 % du latin et compte 20 % de racines germaniques (allemand, anglais, néerlandais). Les 5 % restants sont attribués aux autres groupes de langues (grec, japonais, arabe, etc.).
On a constaté que pour un Japonais typique, à raison du même nombre d’heures d’étude hebdomadaire, une année d’espéranto permet d’atteindre un niveau de communication équivalent à 8 à 10 ans d’anglais. Le succès inégalé des Asiatiques aux concours littéraires espérantistes prouve année après année que ces peuples se sentent à l’aise en espéranto, puisque son fonctionnement interne leur est familier.


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26. On a peu de chances de se faire comprendre en espéranto dans la rue, à l’étranger...

C’est vrai. Mais c’est également vrai pour toute langue qui n’est pas la langue locale. Essayez donc de discuter en anglais avec quelqu’un dans la rue, en France ! Saviez-vous qu’à Hong Kong, pourtant britannique de 1842 à 1997, 90% des policiers sont incapables de donner la moindre information en anglais ? En fait, seulement 16% de la population mondiale peut s’exprimer en anglais. Vous n’avez vraiment de bonnes chances d’avoir une réponse en anglais que dans les pays de langues germaniques (Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, etc.). En dehors de ces pays, pour parler l’anglais de façon satisfaisante, il faut vous rabattre sur des endroits bien définis : hôtels, compagnies d’aviation, bureaux touristiques, contacts d’affaires, etc. Avec l’espéranto, vous vous joignez à une association espérantiste et vous recevez une liste des représentants des associations locales du monde entier. Vous pouvez également vous joindre au Pasporta Servo, un réseau d’hébergement gratuit pour espérantistes. La seule condition ? Parler l’espéranto.


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27. Les espérantistes ne souffrent-ils pas d’un manque d’esprit propre à leur langue ?

L’espéranto a son propre esprit. Ce qui définit l’esprit d’une langue, c’est l’histoire de sa collectivité et sa structure. La liberté de combinaison des éléments linguistiques est en elle-même un élément de l’esprit de la langue. Mais la vie littéraire a elle aussi forgé l’esprit de la langue, ainsi que la tradition des congrès, des rencontres internationales et des visites réciproques. En fait, chaque collectivité compose son propre esprit, après quelque temps. Le même phénomène est observable dans les Églises, les chœurs, les équipes sportives ou les partis politiques. La collectivité espérantiste, en un siècle d’existence, a acquis peu à peu son propre esprit :, avec ses références culturelles, ses blagues et jeux de mots intraduisibles, ses usages, etc.


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28. L’espéranto est-il le seul projet de langue internationale ?

Un nombre incalculable de langues artificielles ont été inventées, pour différentes raisons (communication, cryptage, esthétique, etc.) Des philosophes, comme Descartes, se sont penchés dès le XVIIe siècle sur la possibilité d’inventer une langue artificielle pour la communication. Des esprits ont exploré la voie des pasigraphies (conventions visuelles de lettres, de nombres, d’idéogrammes...) et des pasilalies (conventions audio-visuelles). Ces dernières se divisent en deux groupes : les langues a priori, construites à partir de schémas préétablis, faisant fi de toutes les langues existantes. Enfin, l’espéranto fait partie des dernières, les langues a posteriori, qui préfèrent améliorer des fonds linguistiques existant déjà. La plupart des langues inventées avant l’espéranto étaient a priori : elles ne faisaient que peu écho aux réflexes humains et n’ont guère attiré les foules. Plusieurs langues ont été inventées à la même époque que l’espéranto et plus tard (volapük, ido, interlingua), mais aucune d’elles n’a attiré une communauté de locuteurs comparable à celle de l’espéranto. L’ido, la seule langue qui est entré le moindrement en concurrence avec l’espéranto à un moment de l’histoire, est appelé par ses partisans espéranto amélioré, alors qu’il abandonne plusieurs des principes qui ont fait le succès de l’espéranto : une prononciation = une lettre ; régularité de l’accent tonique ; régularité des désinences. etc.


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29. Quels sont les avantages à apprendre l’espéranto, pour le moment ?

  • Voyages à peu de frais grâce au Pasporta Servo.
  • Plaisir d’apprendre une nouvelle langue rapidement, comme un jeu.
  • Accès à une vaste littérature sur Internet, en librairie ou par emprunt dans une bibliothèque espéranto.
  • Accès à un réseau mondial d’espérantophones, via Internet, la correspondance ou les rencontres locales et internationales.


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30. Et si je demeure sceptique ?

Seule l’expérience peut vous permettre de juger. Aussi longtemps que vous ne connaîtrez l’espéranto que de l’extérieur, vous ne le connaîtrez pas. Pouvons-nous vraiment savoir ce qu’est le parachutisme sans jamais avoir sauté ? Pouvons-nous vraiment connaître la vie dans un village africain sans jamais y avoir mis les pieds ? C’est la même chose pour les langues. Pour pouvoir juger de leurs qualités, leur utilité et leur valeur, il n’y aucune autre manière que de les apprendre.

Comme sa grammaire, qui respecte chaque élément linguistique, l’espéranto respecte la liberté de chaque être humain. Il ne s’impose jamais. Il ne fait jamais de publicité agressive. Pourtant, il se répand peu à peu, il atteint de nouveaux territoires, de nouveaux médiums. Sans aide économique, étatique ou politique, il ne se fait connaître que par ses qualités, qui irradient naturellement. Si vous voulez participer à cette vie riche, vous êtes bienvenu(e). Si vous préférez rester en retrait, votre choix est respecté. La décision vous appartient...


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