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Memoraĵoj de Julia Agripina, de Anna Löwenstein

Espéranto-Aktiv’ n°137 - Avril 2023

La memoraĵoj de Julia Agripina sont les mémoires fictives de Julia Agrippina, dite Agrippine la Jeune, impératrice romaine, épouse de son oncle, l’empereur Claude. Elle est aussi sœur de l’empereur Caligula, mère de l’empereur Néron, qui la fera assassiner. Il faut également préciser qu’elle est la descendante de l’empereur Auguste, petite nièce et petite-fille adoptive de l’empereur Tibère ainsi que la fille ou petite-fille des généraux Germanicus, Agrippa et Drusus.

JPEG - 821.1 koAgrippine a effectivement écrit ses mémoires, comme en attestent Tacite et Pline l’Ancien, mais celles-ci ont été perdues. Anna Löwenstein comble ce vide et nous plonge dans la Rome du 1er siècle apr. J.-C., avec ses conspirations et ses exécutions, mais aussi dans la grandeur de l’Empire romain comme dans le quotidien de ses habitants, jusqu’à la terrible condition des femmes de l’époque, soient-elles impératrices. Son récit se lit d’une traite, comme un space opera dystopique, tant les mœurs et les références sont à la fois différentes et familières.
Sa qualité romanesque n’est pas l’unique raison de lire l’Agrippine d’Anna Löwenstein.

Auteur de deux romans sur la même période, La Ŝtona Urbo et Morto de artisto, Anna Löwenstein est une érudite qui connaît parfaitement la Rome antique. Si les mémoires sont romancées, les faits historiques comme la description de la vie quotidienne des Romains se fondent sur des sources académiques et rigoureuses, citées en fin d’ouvrage.
Membre de l’Académie d’espéranto depuis 2001, nommée espérantiste de l’année en 2019, Anna Löwenstein est également investie dans la diffusion de l’espéranto. Parmi tant d’autres actions, elle a créé le site internet « UEA facila » (https://uea.facila.org/) qui présente des articles d’actualité dans un espéranto facilement accessible.
Dans ses romans, elle écrit selon les principes de La Bona Lingvo (http://bonalingvo.net/), c’est-à-dire en exploitant autant que possible la composition des radicaux fondamentaux de l’espéranto plutôt que d’en introduire de nouveau depuis les langues d’Europe. Il en résulte une lecture où, au lieu de rechercher dans le dictionnaire des mots peu fréquents, on admire avec plaisir à la fois le génie de la langue et la créativité qu’elle autorise à ses auteurs talentueux.

On l’aura compris, outre le plaisir d’une lecture prenante, La memoraĵoj de Julia Agripina vous apprendra beaucoup, tant en histoire romaine qu’en espéranto, avec dans les deux cas la certitude de la rigueur de ses connaissances.