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Le congrès mondial d’espéranto de Montréal

Esperanto-Aktiv’ n°134 - Septembre 2022

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Ce mois-ci, Esperanto Aktiv’ s’est entretenu avec Normand Fleury, le président du Comité d’organisation du Congrès mondial d’espéranto (UK [1]), qui a eu lieu cet été à Montréal.

Esperanto Aktiv’ : Bonjour, Normand. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Normand Fleury : Je suis Normand Fleury, un Québécois marié à une Croate et qui utilise l’espéranto comme langue familiale. Nous avons deux enfants espérantophones depuis la naissance. J’ai découvert l’espéranto en 1980 lors d’un séjour en France (à Angers) et cette langue a transformé ma vie, avec des amitiés dans le monde entier. Je suis technicien en horticulture, arboriculture et paysagisme et j’ai œuvré au Jardin botanique de Montréal.

EA : L’UK 2022 a-t-il été un UK classique ou particulier ? Et en quoi ? Quelles différences as-tu pu constater par rapport aux précédents UK ?

NF : L’UK de Montréal était à la fois novateur et classique.
Classique, puisque l’UEA [2] nous impose une formule précise, les soirées sont fixes, « movada foiro », « nacia vespero », « bankedo kaj balo », « internacia vespero} » (foire des associations, soirée nationale, banquet et bal, concert international), il y a eu un contenu scientifique, un thème, etc.
Novateur puisque ce congrès était en partie hybride. Il y avait plus de projections durant les soirées, projections de films le jour, avec des sous-titres en espéranto. Le contenu canadien était très important, incluant l’enseignement d’une langue autochtone, l’histoire de Montréal et bien plus. Même les enfants du IIK [3] (petit congrès des enfants) ont fait des capteurs de rêves, un bâton de parole selon la tradition autochtone. De plus, une forte proportion des participants assistait à leur premier UK à vie et ils avaient moins de 40 ans. On sentait un vent de fraîcheur...

EA : Peux-tu en tirer un rapide bilan ?

NF : Un bilan très positif puisque notre LKK [4] (comité organisateur) s’est impliqué à fond pendant plus de 5 ans. Les membres du LKK ont guidé des excursions, donné des conférences, des cours de langues et bien plus. Plus de 60 bénévoles nous ont épaulé et la programmation était variée. La « kongresejo » (centre du congrès) était bien situé au centre-ville, moderne, fonctionnel. L’ouverture, la fermeture du congrès et les soirées se déroulaient dans un théâtre majestueux, qui est un bâtiment historique classé, ce qui ajoutait du prestige à l’UK, surtout pour les nouveaux participants.

EA : Y a-t-il des choses qui se sont passées mieux que prévu ? Ou au contraire des choses qui se sont moins bien passées ?

NF : Disons plus de choses qui se sont moins bien passées... surtout avec la pandémie. Le Canada fait face à une pénurie de main-d’œuvre importante. Il manque des employés dans la fonction publique. Plusieurs personnes inscrites n’ont pas reçu leur visa d’entrée au Canada. (Chinois, Cubain, Africain, etc.). Il était difficile de trouver des logements étudiants à bon prix. Nous avons exploré plus de 20 théâtres avant de pouvoir finalement dénicher l’Impérial, à peine deux mois avant l’ouverture de l’UK. On a eu chaud !

EA : Et si c’était à refaire, le referiez-vous ?

NF : Certainement, et avec la même équipe. La clé du succès réside dans un LKK (comité) bien soudé qui a cœur d’organiser le meilleur congrès possible. Il faut bien répartir les dossiers et surtout communiquer rapidement et fréquemment pour que les choses progressent. Nous avons vécu la transition d’un responsable des congrès à l’UEA vers un comité (e@i) ce qui nous a fait perdre un temps précieux lors du transfert des responsabilités.

EA : Que dirais-tu à tous ceux qui n’ont jamais participé à un Congrès mondial d’espéranto ?

NF : L’UK est une immersion complète dans l’univers de l’espéranto. Tout se déroule dans cette langue de 9 h à 22 h et même plus, si vous prolongez les conversations tard dans la nuit... avec une bière ou deux.
La programmation va des conférences scientifiques à des cours pour débutants, en passant par la découverte d’œuvres littéraires (rencontres avec des auteurs) et des spectacles de qualité professionnelle en soirée (théâtre, chanson, musique, etc.)
On découvre alors que l’espéranto est une langue vivante, vraiment fonctionnelle pour parler de tout... avec des gens de par le monde.


[1Universala Kongreso

[2Universala Esperanto-Asocio, association mondiale d’espéranto

[3Internacia Infana-adoleskanta Kongreseto

[4Loka Kongresa Komitato