Découverte : les concours littéraires
Esperanto-Aktiv’ n° 87 – février 2018
Il existe de nombreux concours littéraires en espéranto, organisés par des associations, des journaux ou des éditeurs. Le plus connu et le plus important est le concours littéraire de l’association mondiale d’espéranto (UEA). Il s’appelle Belartaj Konkursoj de UEA, souvent abrégé en Belartaj Konkursoj ou en BK.
Présentation
Le concours est décrit dans le site de l’association mondiale d’espéranto (UEA).
- Présentation des responsables : https://uea.org/asocio/komisionoj/belartaj_konkursoj
- Conditions de participation (attention, son contenu n’a pas été actualisé) :
https://uea.org/teko/regularoj/belartaj_konkursoj
La page Facebook Amikoj de Belartaj Konkursoj de UEA permet d’obtenir des informations fraîches et de participer aux discussions.
Le concours se tient chaque année depuis 1950. Au cours de ces 68 années, plus de 5 000 œuvres ont participé au concours et plus de 800 prix ont été décernés à des candidats issus d’une cinquantaine de pays.
L’historique des Belartaj konkursoj est consultable en ligne sur http://literaturo.esperanto.net/bk/index.html.
On y voit, pour chaque année et chaque branche, le nombre de candidats, la liste des lauréats, leur pays et le titre des œuvres primées, avec souvent un lien cliquable vers leur contenu lorsqu’il est en ligne.
Parmi les lauréats, certains sont devenus des auteurs renommés. On peut aussi remarquer que certains noms reviennent pendant plusieurs années. En ce qui concerne les pays, le continent européen obtient une écrasante majorité.
Les branches
Les Belartaj Konkursoj (BK) comportent plusieurs branches. La liste des branches a varié au long des 68 années du concours.
Au début, il n’y avait que 2 branches, poésie originale et poésie traduite. Rapidement s’ajoutèrent prose et théâtre, chacune dotée d’une branche originale et une branche traduction.
En 1976, les branches de traduction disparurent et la branche essai fut ajoutée.
En 1979, on créa une branche littérature pour enfants.
Au cours du temps, certaines branches sont apparues puis ont disparu : déclamation, roman, photographie, chant, vidéo ou film. La branche théâtre court n’a existé qu’en 1957, mais elle va en quelque sorte réapparaître. L’année dernière en 2017, les 5 branches étaient : poésie, prose, théâtre, essai, livre pour enfant de l’année.
2018 voit l’arrivée de 2 nouvelles sous-branches, qui sont des formes raccourcies de leur branche : dans la branche prose (c’est-à-dire nouvelle) apparaît la sous-branche micronouvelle, dans la branche théâtre apparaît la branche monologue ou sketch.
Aujourd’hui les branches sont : poésie, prose, micronouvelle, théâtre, monologue ou sketch, essai, livre pour enfant de l’année.
Les textes doivent être originaux : ce ne sont pas des traductions et ils n’ont jamais été édités. La seule exception est la branche livre pour enfant de l’année, qui récompense un ouvrage déjà édité l’année précédente, et qui peut être soit une œuvre créée en espéranto soit une traduction. Dans les années qui viennent, il est envisagé de réintroduire des branches de traduction.
Organisation
L’organisation du concours est assurée par une équipe de deux personnes, un président et un secrétaire, en collaboration avec UEA. Pendant de longues années, l’équipe était constituée de Humphrey Tonkin et Michela Lipari.
2017 a vu arriver une nouvelle équipe avec Miguel Fernández et Liven Dek. Ils sont tous deux espagnols, ont le même âge, sont amis de longue date et participent à l’école espagnole d’espéranto, qui diffuse une culture moderniste et expérimentale. Ils ont par le passé figuré à plusieurs reprises parmi les lauréats du BK.
Dans chaque branche, les œuvres sont examinées par un jury de 3 auteurs chevronnés. Pendant le congrès mondial annuel, le BK fait l’objet d’une cérémonie, où le président annonce les prix et les remet aux gagnants présents. Les résultats du BK sont publiés dans des journaux en espéranto, par exemple le journal Esperanto de UEA.
Exemple d’article sur Libera Folio : Prozo, teatraĵo kaj eseo sen unua premio
Le livre
Chaque année, UEA, en collaboration avec l’éditeur Mondial, publie un livre appelé Belarta Rikolto (récolte littéraire), comportant tous les textes ayant reçu un prix (sauf livre pour enfant de l’année) ainsi qu’un rapport du président.
Les livres Belarta Rikolto de chaque année peuvent être achetés dans la librairie de UEA, soit pendant un congrès mondial, soit dans leur site, soit via le service de librairie d’Espéranto-France.
On peut aussi les acheter en ligne chez Amazon, et en format numérique chez Google play. Chaque Belarta Rikolto coûte environ 10 € sur papier et environ 6 € en numérique.
- chez UEA : catalogue des Belarta Rikolto
- sur Amazon ;
- sur Google play
Participer
- Le concours est ouvert à tous. Il est gratuit.
- Il faut envoyer ses textes avant le 31 mars 2018 au secrétaire du BK à l’adresse sciosfero arobase gmail.com.
- Chaque concurrent peut envoyer jusqu’à 3 textes par branche ou sous-branche. Les textes doivent avoir été rédigés en espéranto par le candidat et ne jamais avoir été publiés.
- Les conditions et les prix varient selon les branches :
- Poésie : 3 prix
- Prose : maximum 13.000 caractères (environ 5 pages), 3 prix.
- Prose, sous-branche micro-nouvelle : maximum 100 mots. 1 prix.
- Théâtre : 3 prix.
- Théâtre, sous-branche monologue ou sketch : durée maximum 15 minutes. 1 prix.
- Essai : thème lié à l’espéranto ou au thème du congrès mondial, maximum 26 000 caractères (une dizaine de pages). 3 prix.
Quand il y a 3 prix, le 1er est de 260€, le 2e de 182€, le 3e de 104€.
Quand il n’y a qu’un seul prix, il est de 125€. Un prix indépendant des branches, Nova talento (nouveau talent), de 182€, encourage un nouveau candidat qui n’a pas obtenu de prix. Dans une branche, le jury peut décerner Honora mencio (mention honorable) sans montant, pour encourager un candidat.
La branche livre pour enfant de l’année est différente des autres. Ce sont les éditeurs qui proposent un livre qu’ils ont publié l’année précédente. Il faut envoyer 4 exemplaires du livre, sous forme papier, par la poste. Il n’y a qu’un seul prix, de 546€.
Commentaires
Depuis leur création, les Belartaj Konkursoj font l’objet de vifs débats parmi les espérantistes, tant sur le but du concours que sur le niveau des œuvres.
Les membres du jury trouvent souvent que les œuvres qui leur sont présentées sont insuffisantes en quantité comme en qualité. Depuis le début du concours, il est souvent arrivé que le ou les premiers prix d’une branche ne soient pas attribués, le jury ayant décidé qu’aucun texte n’avait un niveau suffisant. Le précédent président Humphrey Tonkin, dans un rapport sur le BK, se demandait si cette pratique était juste. Il était gêné par la tendance des membres de jury à ne pas juger de façon relative, à l’aune des textes reçus, mais à juger de façon absolue, selon un niveau attendu, sans définition claire et beaucoup plus sévère.
Nombre d’espérantistes considèrent que le niveau des œuvres du BK est très bas, et que ce fait reflète le faible niveau de la littérature en espéranto. On peut remarquer que le BK ne porte que sur des œuvres courtes, ce qui limite sa représentativité, puisque les auteurs affirmés préfèrent publier des œuvres longues sous forme de livres complets.
Le BK doit-il avoir pour but de sélectionner les meilleures productions littéraires de l’année ? Dans ce cas, comment attirer les auteurs déjà expérimentés ?
Le BK doit-il avoir pour but de servir de tremplin à des auteurs débutants pour les encourager ? Dans ce cas, il n’est pas surprenant que son niveau soit plus faible que celui de la littérature générale, comment cependant l’augmenter ?
Le président actuel Miguel Fernández a tranché ; selon lui, le BK doit être « une porte ouverte aux nouveaux ». Et selon lui, l’heure est au changement. Comme beaucoup avant lui, il constate que la branche théâtre n’attire plus. En effet, pourquoi écrire une pièce qui ne sera probablement jamais jouée ? Pour éviter cet écueil, il a créé la sous-branche monologue ou sketch, car ce genre de court spectacle est plus facile à monter lors d’une rencontre espérantiste. La création des 2 nouvelles sous-branches vise aussi à moderniser le BK, en suivant l’évolution actuelle de la culture vers des formes courtes. Plus généralement, il veut transformer le concours de fond en comble, mais en douceur, année après année.
Entretien avec Miguel Fernández sur Libera Folio : ”Belartaj Konkursoj estu pordo por novuloj”
Autres concours
Liro
Liro est le second concours littéraire en terme de popularité dans le mouvement espérantiste. Il est organisé par le journal La Ondo. C’est un concours de traduction vers l’espéranto. Il propose 2 branches : nouvelle en anglais et nouvelle en russe.
Le site officiel : http://sezonoj.ru/liro/
Poésie en liberté
Poésie en liberté est un concours organisé par l’association éponyme depuis 20 ans. Ce concours de poésie propose plusieurs branches. Cette année, pour la première fois, il propose une branche en espéranto, grâce à Gilles Tabard, membre du conseil d’administration d’Espéranto-France.
Les candidats doivent avoir moins de 25 ans. La participation est gratuite. Il faut envoyer un poème original en espéranto. La forme et le thème sont libres. La longueur est limitée à 30 lignes ou vers. La date limite est le 7 avril. Le jury sélectionnera les œuvres en mai. Les 100 textes choisis seront publiés dans un livre spécifique, publié chez l’éditeur de poésie Bruno Doucey. Les gagnants seront invités à la remise des prix en novembre à Paris.
Le site officiel : https://www.poesie-en-liberte.fr/
Voir aussi notre article : Concours international de poésie pour les jeunes