Ni legu : l’outil pour lire facilement en espéranto
Esperanto Aktiv’ : Bonjour Axel, peux-tu te présenter aux lecteurs d’Esperanto Aktiv’ qui ne te connaîtraient pas encore.

Axel Rousseau : J’ai découvert l’espéranto en 1999 pendant mes études d’informatique à Lille et j’ai rapidement pris part au milieu associatif français, d’abord chez Espéranto-Jeunes puis chez Espéranto-France. Étant développeur informatique à titre professionnel, j’ai toujours tenu à cœur de mettre mes compétences professionnelles au service de l’espéranto. Depuis 2003, je suis responsable des cours internet en ligne sur ikurso.esperanto-france.org, que je gère avec Emmanuelle Richard.
Esperanto Aktiv’ : Peux-tu nous parler des cours internet ?
AR : Nous avons un cours pour débutants qui s’appelle « le cours en dix leçons ». Chaque leçon est découpée en plusieurs pages d’explications et d’exercices. Ces exercices sont principalement des exercices de traduction vers ou depuis le français. La pédagogie utilisée est une pédagogie classique axée sur la grammaire et la traduction. C’est une pédagogie très ancienne, mais qui fonctionne bien grâce à l’aspect logique et régulier de l’espéranto. Nous avons aussi un cours plus avancé basé sur Gerda Malaperis, rédigé par Claude Piron, et basé sur le roman du même nom. Ce cours est beaucoup plus moderne, car il n’impose pas aux élèves de traduire comme on le ferait avec du latin ou du grec ancien. Nous avons aussi des bénévoles qui proposent de corriger les devoirs des élèves qui souhaitent suivre le cours « Paŝoj al Plena Posedo » de William Auld, qui est un cours beaucoup plus avancé. Mais aujourd’hui, il est possible d’avoir des pédagogies plus efficaces.
Esperanto Aktiv’ : lesquelles ?
AR : Les pédagogies basées sur « l’input compréhensible » par exemple. Il s’agit d’une approche assez récente développée par un linguiste, Stephen Krashen. L’idée est de respecter le rythme naturel de l’apprenant en lui proposant des textes ou des enregistrements audio qu’il prendra plaisir à lire et qui correspondent à son niveau. En cela, les cours Gerda Malaperis et Paŝoj al Plena Posedo peuvent être vus comme répondant à cette pédagogie, avec, comme différence, que ces cours sont fournis avec des exercices. Nous avons regardé les statistiques et pour Paŝoj al Plena Posedo : les élèves peuvent passer 30 minutes à lire le texte, mais 3 heures à faire les exercices. Et même si ça ne semble pas intuitif, ce ne sont pas les exercices qui permettent de progresser en espéranto, mais bien la lecture, et il serait bien plus utile de passer 3 heures à lire et écouter du contenu en espéranto plutôt qu’à faire des exercices de grammaire.
Esperanto Aktiv’ : cela signifie que l’input compréhensible est plus rapide que les méthodes traditionnelles ?
AR : Pas vraiment. Ce serait même le contraire en fait, car cette pédagogie peut demander un grand nombre d’heures de lecture, mais la grande différence est qu’il me semble tout à fait possible de passer plusieurs heures d’affilée à lire un récit passionnant un dimanche après-midi pluvieux, alors qu’il est beaucoup moins agréable de faire des exercices de grammaire sur une longue période (je dis cela à titre personnel, je ne juge pas de comment les autres peuvent prendre du plaisir…)

Page de recherche dans le catalogue des textes
Esperanto Aktiv’ : et c’est donc pour mettre en avant cette pédagogie que tu as créé le site Ni legu ?
AR : Oui tout à fait. Avec l’aide de plusieurs personnes, à commencer par Emmanuelle Richard, nous avons développé le site, mais nous avons aussi reçu l’aide d’un grand nombre de personnes pour nous proposer des textes, lire ces textes pour avoir des enregistrements sonores, faire des retours sur les choses à améliorer ou proposer de nouvelles idées de fonctionnalités. Nous avons actuellement pas loin d’une centaine de textes de différents niveaux et sur différents sujets. Nous avons un dictionnaire intégré qui permet de connaître la traduction d’un mot d’un simple clic et aussi des enregistrements audio pour plus de la moitié des textes. Nous nous basons sur les comptes des élèves internet, ainsi il est possible en créant un compte de laisser un avis sur le texte lu, enregistrer un texte pour le lire plus tard, etc.

Fonctionnalité de dictionnaire intégré
Esperanto Aktiv’ :et vous avez d’autres idées de fonctionnalités à ajouter ?
AR : Oui, comme pour les cours internet, nous nous basons sur les retours des utilisateurs pour ajouter des fonctionnalités, mais les utilisateurs nous font aussi des suggestions de choses qu’ils aimeraient lire. Beaucoup aimerait lire des extraits de « vrais livres » pour pouvoir les acheter et les lire en entier par la suite. Il est en effet difficile de savoir si la difficulté d’un texte correspond à son niveau et nous avons trouvé un algorithme pour pouvoir trier automatiquement les textes entre les « faciles », « intermédiaires » et « avancés ».
Esperanto Aktiv’ : et si des lecteurs d’Esperanto Aktiv’ souhaitent t’aider, comment peuvent-ils faire ?
AR : le site est très jeune et le premier besoin que nous ayons c’est d’avoir des utilisateurs qui nous feront des retours sur les choses à améliorer. Nous avons aussi besoin d’une plus grande visibilité, alors n’hésitez pas à parler du site autour de vous. Et enfin, nous avons besoin de volontaires pour proposer des textes et lire ces textes pour avoir des enregistrements audio.
Esperanto Aktiv’ : Merci pour tes réponses.
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