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Espéranto en Périgord

Esperanto Aktiv’ : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Maurice Juy : Je suis originaire de la Haute-Marne, quatrième d’une fratrie de 12. Apprenti électricien, je suis les cours du soir en radioélectricité jusqu’à mon départ à l’armée. Au retour de mon service militaire, je prépare l’examen d’entrée en faculté pour les non-bacheliers. Parallèlement à mon activité professionnelle, maquettiste en électronique, ayant réussi mon examen d’entrée à l’université, j’intègre la faculté des sciences à l’université de Paris VII. Après l’obtention de ma maîtrise de physique, je poursuis avec un DEA de traitement de l’information puis DESS industriel.

À 36 ans, je crée ma première entreprise études et développement sous-traitance en électronique, puis avec mes anciens collègues de l’industrie je crée une deuxième société en dosimétrie nucléaire.
Maintenant à la retraite depuis 2003 je me suis retiré dans ce beau Périgord, pays natal de mon épouse qui trouvait le climat plus doux que celui du plateau de Langres.

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Historique de l’espéranto en Dordogne

Le premier groupe espérantiste créé le12 août 1909 fut dissous en 1912 par manque d’adhérents.
En août 1913 le mouvement espérantiste renaissait, mais hélas à la déclaration de guerre en 1914, il s’éteint de nouveau.
L’ardeur des espérantistes est toujours là et le 1er novembre 1918, le groupe est pour la troisième fois reconstitué, mais il va se mettre en sommeil de nouveau le 20 juillet 1922.
Entre 1922 et 1982, ce sont 60 années d’une longue traversée du désert, tout au moins sur le plan organisationnel, que subit le mouvement espérantiste en Périgord.

Cependant en 1961 paraît le Dictionnaire Français-Espéranto de Roger Léger, habitant en Périgord noir (Rouffignac).
Le premier essai de reconstitution d’un groupe fut tenté en 1982, mais c’est en 1983 que se tint la véritable réunion constitutive du GEP (Groupe Espérantiste Périgourdin), avec la nomination à la présidence d’un béarnais, Jean Lezan.
Le cours d’espéranto débuta à la rentrée de 1983, mais la déclaration du groupe à la préfecture de la Dordogne date du 24 juin 1984.

Que mettre à l’actif du GEP depuis cette date ?

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Entre autres :

  • des cours de trois niveaux qui perdurent encore à Trélissac, Périgueux ;
  • la création d’une dizaine de groupes locaux, assez éphémères, sauf celui de Sarlat qui continue, après avoir surmonté à ses débuts quelques difficultés d’organisation ;
  • un cours qui a duré 13 ans, dans une classe d’école primaire d’une trentaine d’élèves, pendant l’horaire scolaire, à l’instigation d’une inspectrice de l’Éducation nationale ;
  • un vœu du conseil municipal de la commune Boulazac souhaitant que l’espéranto bénéficie du même traitement dans l’enseignement que les langues étrangères ;
  • le baptême de deux ponts, l’un, Esperanto, l’autre Zamenhof, et la pose d’une plaque commémorative sur la maison natale de Théophile Cart, à l’occasion du Congrès des Aveugles en 1998, organisé en Dordogne ;
  • création d’une bibliothèque qui compte à ce jour plus de 100 volumes en français, en espéranto ou bilingues ;
  • la parution depuis 30 ans d’un bulletin Perigorda Informilo ;
  • la création de son site internet le 15 décembre 2010 (http://esperanto-gep.asso.fr/), qui fêtera ses 10 ans le 15 décembre 2020. Ce site mérite une visite car il met en valeur l’activité du GEP ;
  • l’émission de radio Saluton !, passée sur une première radio locale (2009-2012) puis une deuxième fois à partir de 2014 sur celle qui lui a succédé ; les enregistrements mp3 sont toujours disponibles sur le site internet du GEP ;
  • la traduction et l’édition des deux livres La sekreto de la arbaro de Lascaux de Thierry Felix et Philippe Bigotto en co-édition et l’édition du livre La tirano, la liutfaristo kaj la tempo de Christian Grenier. Les auteurs de ces deux parutions seront présents au congrès d’Espéranto-France de 2021 (congrès inter-associatif de l’espéranto en France) ;
  • les activités périscolaires (2013-2015) à Périgueux, Bassillac et Sarlat, et, depuis octobre 2017, l’atelier d’espéranto du lycée Bertran de Born (Périgueux) ;

Actuellement le GEP compte 45 cotisants, et 2 membres bienfaiteurs

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En 2021 le GEP a la responsabilité de l’organisation du congrès inter-associatif de l’espéranto en France, congrès annuel organisé par Espéranto-France, avec un intéressant programme dont :

  • excursions à Périgueux ;
  • excursion à Montignac-Lascaux ;
  • excursion au château des Bories ;
  • conférence de Chantal Jègues-Wolkiewiez : Lascaux et le ciel préhistorique
  • stand de François Schmidt, signatures et dédicaces ;
  • conférence de Christian Grenier : La préhistoire dans la littérature de science-fiction
  • stand de Philippe Bigotto : Le secret des bois de Lascaux
  • conférence de Thierry Félix : La grotte de Lascaux
  • concert : JoMo et artistes locaux

EA : Quand avez-vous appris l’espéranto ?

MJ : Dans les années 1950, dans ma belle ville de Langres, j’étais à l’école primaire, et c’est là que j’ai appris l’existence de l’espéranto. Il était question que nous allions l’apprendre à l’école. Utopie, cela n’est pas arrivé.
En 2004, nous apprenons qu’il y a des cours d’espéranto en Périgord à Sarlat. C’est ainsi que nous avons rejoint le GEP grâce au dévouement d’un des membres du groupe, celui-ci ayant mis en place le groupe de Sarlat, venait y faire cours depuis Périgueux toutes les semaines. Après deux années d’études de l’espéranto, nos deux charmantes enseignantes, l’une professeur d’anglais l’autre professeur de français décidèrent d’arrêter leur engagement envers l’espéranto. Alors mon épouse et moi-même avons décidé de maintenir le groupe de travail afin de pérenniser l’action de son fondateur. En 2006 nous avons participé à notre premier congrès international d’espéranto à Florence en Italie. Ce fut pour nous la concrétisation de notre engagement. Nous avons découvert toute la puissance de cet outil de communication qu’est l’espéranto.

EA : Que pensez-vous du mouvement espérantiste actuel ?

MJ : Je suis en accord parfait avec le journaliste finlandais Kalle sur la crise profonde que traverse le mouvement espérantiste actuellement (Voir Espéranto-Aktiv’ n°117 - novembre 2020). Je pense que les espérantistes sont trop adeptes de l’entre-soi. Le mouvement ne communique pas assez à l’extérieur. Nous avons un très gros effort de communication à mettre en place. À peine 20 % de la population a entendu parler de l’espéranto. Tout comme les partis politiques, il nous faut être présents dans les médias. Les actions solitaires sont louables, mais elles auraient beaucoup plus de poids voire d’impact si elles étaient portées par tous.
Ensemble et mieux organisés, autour d’objectifs nationaux et internationaux communs, à court terme ou à moyen terme, tendant à nous rendre plus visibles, plus crédibles, plus nombreux et donc plus forts, nous pourrions mieux et plus rapidement progresser.

Je fais confiance à l’équipe nouvellement élue pour mener à bien ce défi.

Télécharger l’affiche du congrès (PDF - 1.6 Mo) :
Affiche du congrès 2021