« La vidvino kaj la profesoro » de Ronald Cecil Gates
Même s’il s’en défend, l’auteur australien, célèbre en son pays et en Espérantie pour ses romans noirs, se serait-il inspiré un peu de sa vie de prof d’économie pour écrire ce polar ? à moins que ce ne soit un roman d’amour. Car le livre commence par une rencontre dans une gare :
La vitra pordo, kiu kondukis de la strato en la atendejon, malfermiĝis. Tra ĝi enblovis vento tiel glacia, ke ŝajnis, ke ĝi venas rekte de la suda poluso. Patriko tremis kaj levis la okulojn de sia libro. Staris sur la sojlo juna virino en malhelverda mantelo. Ŝi tenis mansaketon kaj tolkovritan valizon. Ŝi ĉirkaŭrigardis, antaŭ ol aliri la komizon ĉe la akceptotablo.
En français : La porte vitrée qui conduisait de la rue à la salle d’attente s’ouvrit. Par son ouverture s’engouffra un vent si glacial qu’il semblait venir directement du pôle Sud. Patrick frissonna et leva les yeux de son livre. Sur le seuil se tenait une jeune femme en manteau vert foncé. Elle tenait un sac à main et une valise recouverte de toile. Elle balaya les lieux du regard avant de s’approcher de l’agent au comptoir d’accueil.
Lui, est un professeur d’université très occupé par une proposition sur la TVA, une critique de livre d’économie, sa récente séparation et bientôt un mystérieux meurtre… qui n’en est peut-être pas un. Elle, est bibliothécaire et porte encore le deuil de son jeune mari.
L’intrigue est simple, mais certains aspects poussent parfois jusqu’à la caricature. À propos de l’amour : les femmes sont soit cruelles soit naïves. À propos de la politique : la gauche, c’est une bande d’agités qui n’a rien compris. À propos de l’économie : vive le libéralisme. Mais, par son écriture sobre et directe, dans un très bel espéranto, Gates brosse le caractère de personnages tout à fait crédibles, dans un style modeste, ce qui fera dire à certains que le professeur et la veuve manquent parfois de profondeur.
Pourtant, on se prend d’amitié pour Patriko et Izabela, au long des pages. Et on veut absolument connaitre la clé du mystère. Car malgré des détours, l’histoire accélère peu à peu jusqu’à une fin haletante. On ne peut s’arrêter de lire.
Dans la même rubrique :