Présentation du mouvement « Espéranto pour l’Europe »
Esperanto-Aktiv n° 106 - novembre 2019
Esperanto-Aktiv’ : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Vincent Jacques : Je suis originaire d’Amiens et j’habite à présent à Paris. Je suis entrepreneur depuis 10 ans dans l’informatique : je dirige une société permettant aux diasporas en France de transférer de l’argent à leurs familles plus facilement et moins cher. J’ai appris l’espéranto il y a 15 ans alors que je m’ennuyais pendant un stage aux États-Unis : j’ai d’abord appris sur Ikurso, puis j’ai rencontré des espérantistes locaux, et enfin je suis allé au Internacia Junulara Kongreso de 2004 en Russie. Par la suite je n’ai pas vraiment été actif, je suivais le mouvement espérantiste de loin, et c’est en 2019 que j’ai décidé de m’impliquer davantage pour promouvoir cette idée à laquelle je crois beaucoup : l’espéranto est la meilleure option comme langue de communication entre les peuples.
Esperanto-Aktiv’ : Pouvez-vous présenter votre mouvement ?
Vincent Jacques : Idéalement, tout le monde apprendrait et parlerait espéranto dans le monde entier, cependant le chemin est encore long pour y arriver. En outre, le problème linguistique se pose de manière encore plus critique dans l’Union européenne, car avec 24 langues officielles qui sont toutes théoriquement égales (principe du multilinguisme), cela ne fonctionne pas. Seuls 5% des documents et discussions officiels sont traduits. Le résultat est qu’une langue unique s’impose progressivement dans toutes les institutions européennes : l’anglais. Or la plupart des Européens ne parlent pas anglais, car c’est une langue complexe (grammaire, prononciation…), et le coût de l’enseigner correctement à tous les citoyens européens serait vertigineux. L’adoption de l’espéranto comme langue de travail et de communication en Europe est donc la solution idéale, car elle permettrait à tous les Européens de se comprendre, à moindre coût et en un minimum de temps d’apprentissage. C’est pourquoi j’ai fondé il y a quelques mois le mouvement citoyen Espéranto pour l’Europe, sous forme d’association loi 1901. Je précise qu’il ne s’agit pas d’un parti politique : le mouvement ne vise pas à se présenter à des élections par exemple. Notre objectif est de faire connaître l’espéranto à un maximum de monde en France et en Europe, pour que les peuples sachent que cette solution existe. Si les Européens se mettent un jour à communiquer massivement en espéranto (ce que j’espère), il ne fait aucun doute pour moi que le monde entier suivra le mouvement : ne serait-ce que par intérêt économique, beaucoup de gens voudront apprendre l’espéranto pour faire du commerce ou du tourisme en Europe.
Esperanto-Aktiv’ : Que faites-vous pour faire connaître l’espéranto ?
Vincent Jacques : Notre priorité est d’améliorer la notoriété de l’espéranto, c’est-à-dire de faire en sorte qu’un maximum de monde connaisse l’existence de l’espéranto comme langue vivante rapide à apprendre et précise. Nous travaillons donc avec une agence spécialisée en relations média afin d’obtenir des articles de journaux, interviews radio, reportages TV… Nous organisons des événements, par exemple lors de la Journée européenne des langues devant l’Assemblée nationale, écrivons des articles, sur notre blog ou encore sous forme de tribune comme dans le Huffington Post. Nous réalisons des vidéos pour véhiculer nos messages et nous communiquons également sur Facebook et Twitter. Nous sommes pour l’instant actifs en France, et nous souhaitons à l’avenir lancer le même type de communication dans les autres pays européens. Notre site https://www.esperantoeurope.org/ est au cœur de notre communication : il n’est pour l’instant qu’en français, mais il sera à l’avenir traduit en espéranto et en différentes langues européennes.
Esperanto-Aktiv’ : Pour vous, l’espéranto est-il avant tout une affaire politique ?
Vincent Jacques : Non, je dirais que l’espéranto est avant tout une affaire citoyenne : c’est aux peuples de s’intéresser à l’espéranto, d’adhérer à cette idée, et de réclamer aux hommes politiques de la mettre en œuvre. À mon avis, il ne faut attendre des hommes politiques aucune initiative ni aucune aide, tant qu’il n’y aura pas de soutien populaire derrière l’espéranto. Nous souhaitons par exemple que l’espéranto soit proposé en option dans toutes les écoles françaises et européennes, ainsi qu’au bac. Mais cela ne se fera que si un grand nombre de parents d’élèves en font la demande ! Je dirais donc que c’est aux peuples de prendre en main leur destin, d’où la nécessité d’informer nos concitoyens de l’existence de l’espéranto.
Esperanto-Aktiv’ : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Vincent Jacques : Nous avons rencontré un bon accueil du côté des journalistes, qui sont plutôt positifs en général. Notre principale difficulté provient de la forte méconnaissance de l’espéranto, en tout cas chez les personnes de moins de 50 ans. Dans la plupart des cas, nous partons donc vraiment de zéro. Nous avons encore un gros travail à faire pour arriver à ce que quasiment tous les Français connaissent l’existence de l’espéranto, mais avec beaucoup de travail nous espérons pouvoir y arriver.
Esperanto-Aktiv’ : Quelles sont vos plus belles réussites, les projets dont vous êtes le plus fier ?
Vincent Jacques : En seulement deux mois, nous avons déjà obtenu pas mal de résultats intéressants : articles dans la presse régionale, tribune dans le Huffington Post, article dans Usbek & Rica, plusieurs interviews radio dont Sud Radio, table ronde d’une heure sur RCF, des contacts pris avec des chaînes de télévision avec quelques reportages en perspective (M6, BFM TV, Euronews,…). Nous sommes donc contents de ce démarrage et souhaitons intensifier notre couverture média au fil du temps !
Esperanto-Aktiv’ : Comment faire pour rejoindre le mouvement « Espéranto pour l’Europe » ?
Vincent Jacques : Pour nous rejoindre, c’est très simple, il suffit de venir sur notre site https://www.esperantoeurope.org/ et de cliquer sur le lien « Nous rejoindre » ou « Inscrivez-vous en quelques secondes ». L’adhésion est gratuite. Nous lancerons bientôt une campagne d’appel aux dons pour financer nos actions, mais cela restera indépendant du fait d’être membre. Nous cherchons également plus de bénévoles actifs pour nous aider à atteindre nos objectifs : s’occuper de notre page Facebook, rédiger des articles de blog, organiser des actions permettant d’attirer l’attention des médias, etc. N’hésitez donc pas à nous contacter directement (contact@esperantoeurope.org) si vous avez envie de faire partie de l’aventure !
Esperanto-Aktiv’ : Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions.
Vincent Jacques : Merci et à bientôt !
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