Lu, vu, écouté ce mois-ci
« Ĉernobilo Forever » d’Alain-Gilles BASTIDE
Esperanto-Aktiv’ n° 76 – février 2017
Tchernobyl Forever constitue un « voyage en enfer » du photographe Alain-Gilles Bastide à travers la « zone interdite ». Le récit oscille entre poésie et horreur autour de photos à la fois belles et tragiques. Pour le 30e anniversaire de la catastrophe, en avril 2016, sont sorties deux traductions supplémentaires : en maya, langue amérindienne millénaire, et en espéranto, langue internationale centenaire.
Dès sa couverture, Ĉernobilo Forever nous happe. La poignante « poupée atomique » prise par Alain-Gilles Bastide évoque à elle seule toute la tragédie.
D’abord l’explosion, le 26 avril 1986, à 1h23 du matin. La ruée des pompiers puis de tous les liquidateurs sacrifiés pour que l’Ukraine, l’U.R.S.S. et l’Europe survivent.
Ensuite l’évacuation de Pripiat, les mères séparées de leurs enfants, les colonnes de bus, charettes, voitures qui croisent les tanks. Le silence des autorités sur un « incendie ordinaire ».
Et l’armée qui interdit aux gens d’emporter quoi que ce soit, qui efface les souvenirs, photos, films, qui abat les animaux. Des villages entiers enterrés au bulldozer, maison après maison.
Nous découvrons bien sûr le sarcophage que consume encore et toujours, de l’intérieur, le réacteur en fusion. Les installations gigantesques, aujourd’hui désertes.
Même si quelques taches colorées de radionucléides inquiètent parfois çà et là, les radiations demeurent invisibles. Malgré elles, les lieux sont traversés par les trafiquants d’objets et de matériaux contaminés, et occupés par ceux qui vivent encore sur place et qui se cachent.
Il y a aussi quelques touristes et leurs guides qui visitent la ville fantôme, Pripiat. Ses immeubles, ses maisons effondrées, son école, son parc d’attraction encore non inauguré, son hôpital, son stade pareil à des pyramides aztèques, sa piscine olympique. La végétation qui envahit les lieux, la forêt qui gagne du terrain.
Au gré du voyage, nous rencontrons les survivants, leur vie détruite, les enfants monstrueux de l’hôpital de Novinki. Et les morts, le deuil perpétuel. Le monument aux liquidateurs, le mémorial aux villages détruits, la chapelle aux victimes à Kiev. Importants et pourtant dérisoires face aux mensonges des États, de l’AIEA, de l’OMS.
Le texte est émaillé de témoignages et d’extraits d’autres ouvrages, notamment de La Supplication, de Svetlana Alexievitch (prix Nobel 2015). Il est suivi d’une lettre du professeur Youri Bandajevsky, un médecin biélorusse poursuivi dans son pays après de longues recherches sur les effets délétères des radiations, même à faible dose.
Le livre a été adapté au théâtre (en français) et mis en scène par Stéphanie Loïk.
Il a été traduit en espéranto en 2016 par Sylvain Barrier.
Le livre Ĉernobilo Forever d’Alain-Gilles BASTIDE, édité à compte d’auteur sous le label Photographisme-Photomorphisme et traduit en espéranto par Sylvain Barrier, est disponible gratuitement, en ligne uniquement : https://issuu.com/tchernobylforever/docs/tf-esperanto-08-04-16.
À noter que l’album de Tintin, La Templo de l’ Suno , est toujours disponible auprès de la boutique d’Espéranto-France, au prix de 12,50 € (+3,50 € de port).
Ristournes sur les achats en gros :
- 10,50 € par album pour l’achat de 10 exemplaires ;
- 8,50 € par album pour l’achat de 100 exemplaires.
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