« La Armeoj de Paluzie » de Manuel de SEABRA

Vous est-il déjà arrivé de ne pas être du tout attiré par le titre d’un livre ? Ce fut le cas pour moi, à cause des mots « armées » et du mystérieux « Paluzie ». S’agit-il d’un pays imaginaire ? Quand enfin je me suis décidée après quinze ans, à cause de la notoriété de l’éditeur et de celle de l’auteur dont j’ai aimé plusieurs autres livres, quelle bonne surprise !
Un roman comme on les aime : la vie d’une famille sur plusieurs générations, à travers les yeux d’un enfant qui essaie de combler les lacunes de l’histoire officiellement transmise par ses membres. Chacun des 26 chapitres est pratiquement indépendant, comme le montrent les éditions en portugais, en catalan, traduites par l’auteur même, et en russe, dans lesquelles l’ordre n’est pas le même ! Seabra explique pourquoi dans la dernière page du livre.

L’auteur, né en 1932, est portugais, mais vit à Barcelone, et le récit concernant la famille est transposé dans cette dernière ville. Comme dans le livre postérieur Malamu vin unu la alian, il y est fait allusion aux événements historiques et combien est intéressant de savoir comment les ont vécus les grands-parents Edmond et Edvige et leurs dix enfants, en particulier leur aîné, prénommé Edmond lui aussi, qui est le père du dernier Edmond, le narrateur. Le récit ne manque ni d’humour, ni de mélancolie et les remarques de l’enfant sont très justes.

Seabra utilise comme à l’accoutumée quelques néologismes, mais ils ne gênent pas le plaisir de la lecture, qui est grand.

Anne JAUSIONS