La malamiko de Putin, de Kalle Kniivilä
La malamiko de Putin, Aleksej Navalnij kaj liaj apogantoj (L’ennemi de Poutine, Aleksej Navalniy et ses soutiens}, de Kalle Kniivilä.
Journaliste finlandais et suédois, longtemps en poste à Moscou, Kalle Kniivilä a déjà publié Krimeo estas nia (« La Crimée est à nous », voir Esperanto Aktiv’ de juin 2015) puis La homoj de Putin (les hommes de Poutine) « en fait surtout de vieilles femmes nostalgiques de l’époque soviétique, leur jeunesse ! » (voir Esperanto-Aktiv de novembre 2016).
Il s’attaque cette fois à l’ennemi public n° 1 de Poutine, Alekseï Navalny, accusé de tous les maux alors qu’il s’attaque à la corruption du régime sur son réseau ROSPIL et prône « le vote utile » : défendre dans toutes les régions de Russie le candidat qui a le plus de chance face à Poutine. Condamné plusieurs fois à la prison, alors que ses biens sont confisqués, son frère emprisonné comme objet de chantage, Navalny est victime d’une tentative d’empoisonnement (poison mis dans son slip !) qui aurait dû passer pour une crise cardiaque sans la rapidité des secours, alors qu’il est dans l’avion. C’est la queue devant les toilettes qui attire l’attention. Sauvé de justesse en Allemagne, il s’en sortira. Cette tentative d’empoisonnement, dûment documentée, occupe un tiers du livre. Les références se trouvent à la fin du livre quand l’auteur cite ses sources (médias, journaux, réseaux sociaux, interviews). Très affaibli, Navalny rentre en Russie alors qu’il sait qu’il sera arrêté : qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ! Les motifs fabriqués par le FSB (le descendant du KGB) prêtent à rire ! Navalny reste sur ses positions : grève de la faim, arrestations, procès, emprisonnement, colonie punitive, tout y passe, pour ses soutiens aussi, même si certains disent avec humour que finalement c’est en prison qu’ils sont le plus tranquilles et qu’ils peuvent se reposer et lire !
Dans les 30 dernières pages, Kalle Kniivilä compare les brimades et les violences à l’encontre des opposants à l’Union soviétique expédiés à l’étranger (Soljenitsyne, Sakharov), alors que Navalny, à l’intérieur du pays est bien plus gênant, comme ont pu l’être Lech Wałęsa ou Nelson Mandela qui se sont battus contre les régimes autoritaires et ont été emprisonnés dans leurs pays. Toutes les manifestations contre le régime se font dans le respect de la Constitution : chaque chapitre est précédé du rapport du ministère suédois des Affaires étrangères sur les droits de l’homme, la démocratie et les principes juridiques en Russie.
Malgré le thème, ce livre se lit comme un roman policier. On ne peut que constater avec l’auteur que Poutine n’a jamais participé au moindre débat et a toujours été élu par un tour de passe-passe. Laissons la conclusion à Navalny lors de son arrestation en février 2021. « Les portes de fer se ferment derrière moi dans un grincement assourdissant mais je me sens un homme libre. Je suis convaincu que j’ai raison… La vérité est de notre côté. Restez libres ».
Espérons que le combat de ce Don Quichotte des temps modernes aboutira.
159 pages, ed. Mondial, New York, 2021. Paru en même temps en espéranto et en suédois.
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