« Tra la mondo per biciklo kaj Esperanto » et « Avo biciklas ĉirkaŭ la mondo »
Esperanto-Aktiv n° 89 - avril 2018
Ce mois-ci, Esperanto-Aktiv vous présente deux livres écrits à 60 ans d’intervalle, mais qui montrent que l’espéranto n’a pas pris une ride et que c’est toujours la langue idéale pour voyager à pied, à cheval... ou en vélo.
Tra la mondo per biciklo kaj Esperanto (À travers le Monde en bicyclette et avec l’espéranto)
Lucien Péraire (1906-1997) a grandi dans une famille peu aisée, dans une France de l’après-Première Guerre mondiale. Dès onze ans, il travaille, apprend un peu de sténographie, puis il devient apprenti chez un vélociste. Il y construit même son propre vélo. Il apprend l’espéranto par correspondance.
Libéré des obligations militaires, il lit dans une revue de l’association anationaliste(>fr-wp) l’annonce d’un jeune Allemand qui cherche un autre espérantiste pour partager la route jusqu’en Extrême-Orient.
C’est cette rencontre (1928) qui constitue la première partie du livre. L’auteur fait part au fil des pages des découvertes : une langue en Alsace, la discipline en Allemagne mais aussi le chômage de masse et les difficultés qui vont avec, il décrit aussi les conditions d’accueil chez les espérantistes…
Sur le vélo, à proprement parler, nous apprenons que le sien est plus performant que celui de son compagnon, car il dispose d’un changement de vitesse (le premier dérailleur produit en grande série date environ de 1924). ce manque les oblige à aller à pied quelquefois :
« Serio da penigaj krutaĵoj devigas nin ofte piediri, ĉar Paŭlo ne posedas rapidum-ŝanĝilon — tiam ankoraŭ nekonatan en Germanio. »
Nous apprenons également qu’en Union Soviétique, les bicyclettes sont très coûteuses, qu’il n’y a pas d’industrie pour en fabriquer (et que l’industrie a des tâches plus urgentes) :
« — la bicikletoj estas multekostaj, tial ke estas preskaŭ neniu biciklo-fabriko en Sovetio ; ke la industrio havas pli urĝajn taskojn… »
Ils se sépareront, l’un pour continuer le voyage en Iran et au-delà dans le pourtour méditerranéen, le second ira jusqu’au congrès espérantiste au Japon.
Un vélo-rail
Au-delà du voyage, de vouloir faire connaître l’espéranto, il se trouve que Lucien Péraire est un bricoleur de génie. Face aux difficultés, il cherche et trouve. En 1929, pendant son voyage, il travaille dans une coopérative et reçoit l’autorisation de circuler sur les rails du transsibérien, il doit être une des rares personnes à l’avoir fait, si ce n’est la seule.
Cette photo est tirée du site Sourire du Jour.
Lisez la fiche wikipedia sur Péraire pour en connaître davantage sur cette destinée hors pair.
Le livre a, semble-t-il, été traduit en français, selon le site Biblio-cycles : http://biblio-cyclesdephilippeorgebin.hautetfort.com/archive/2008/12/20/peraire1.html
Un article de la Dépêche parle également de cette épopée.
Avo biciklas ĉirkaŭ la mondo (Pépé fait le tour du Monde)
L’être humain est un être de passions… Zef Jégard (né en 1935) a une passion pour l’espéranto et le vélo. Après un premier voyage en 2000, Bretagne – Mongolie, il enchaîne, pour ainsi dire, en 2001 un voyage Pakistan (Islamabad) - Russie (Vladivostok), soit 9000 km, qui sont racontés dans le livre.
Il ne s’arrêtera pas là, car il est l’auteur d’un Brest – Vladivostok en 2004 (en 65 jours).
Là aussi, comme souvent dans ce genre d’ouvrage, l’auteur nous fait part des découvertes, des surprises et/ou des difficultés rencontrées au fil du voyage.
Côté vélo, accrochez-vous, vous, adeptes des questions sur les forums sur la qualité de l’acier en Inde en cas de casse, vous qui faites la manche numériquement pour vous payer une fourche hydro-speed4000 pour aller en Patagonie aux frais de la princesse, tenez-vous bien :
« B’Twin 7 – Decathlon, la pluruza biciklo je superlativo : tute el aluminio, ĝi estas pli malpeza, pli rapida, pli efika, kaj daŭre tiom plezuza ! »
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de traduire la référence de la bicyclette.
La page Wikipedia sur le monsieur.
En conclusion
Deux exemples, deux voyages à vélo à travers le vaste monde. Il y a des simillitudes dans les deux voyages — d’un océan à un autre — mais les époques sont complètement différentes — certains pays n’existent plus, d’autres vont naître.
Restent deux invariables, l’espéranto et le vélo. L’un a 100 ans, l’autre 200 ans, ils sont très jeunes au regard de l’histoire humaine mais à 20 ans comme à 60, les protagonistes de ces 2 livres en ont tiré le meilleur.
Un dernier lien pour la route, celui de Benoît et Laura qui renouvellent l’exploit de Lucien et Zef en parant de Vendée et avec le Japon comme objectif. La preuve que l’espéranto et la bicyclette se marient bien ensemble, depuis longtemps, et pour encore un grand nombre d’années.
Voir aussi sur weelz.ouest-france.fr
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