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Découverte

Découverte : Lille2015 et les congrès mondiaux d’espéranto.

Esperanto Aktiv n° 53 – décembre 2014

Saluton ! Peux-tu te présenter en quelques mots ? Depuis quand pratiques-tu l’espéranto ?

Bonjour, je m’appelle Claude Nourmont, je pratique l’espéranto depuis 1964, et pratiquement depuis le début j’ai eu à cœur de m’investir dans la diffusion de l’espéranto. J’étais alors étudiante, et il y avait un groupe espérantiste dans la ville où je faisais mes études. Je suis tombée dans le bain quand j’étais petite… C’est toute une histoire, je l’ai racontée récemment dans une revue japonaise. Pour faire court, disons qu’après diverses rencontres fortuites avec l’espéranto au cours de mes deux premières décennies, la greffe a pris à Aix-en-Provence… et avec d’autres étudiants nous avons créé un cercle espérantiste étudiant.
Bon, je m’éloigne des congrès, mais je tiens à montrer que j’ai été vite « accro » et que si j’ai participé à un congrès mondial dès la première année c’est que j’étais fortement motivée.

En quelques mots, qu’est-ce qu’un congrès mondial d’espéranto ?

C’est la plus grande rencontre annuelle d’espérantophones, organisée par l’association mondiale pour l’espéranto, UEA. La ville du congrès devient, le temps d’une semaine, la capitale culturelle mondiale de l’espéranto.

Participer à une rencontre mondiale d’espéranto, qu’est-ce que c’est ? Que font concrètement les participants durant la semaine de congrès ?

Ils participent à des réunions et des forums, écoutent des conférences, profitent d’un programme culturel riche et varié, et surtout : se rencontrent. Ils ont l’occasion de faire connaissance avec des personnes de cultures différentes, en communiquant sur un pied d’égalité. Là, c’est ma réponse standard.
Mon premier congrès, c’était des balbutiements, enfin pas vraiment… Disons que je voulais suivre le maximum de réunions possible, mais que ce n’était pas toujours facile de faire un choix, quand on ne sait pas vraiment ce qui se cache sous le nom de telle ou telle réunion. Et là, je n’osais pas intervenir dans les discussions, je me sentais trop néophyte… mais j’avais remarqué que des personnes n’ayant pas un bon niveau linguistique ne se gênaient pas pour intervenir.

Où et quand le premier congrès mondial d’espéranto a-t-il eu lieu ?

Le premier congrès mondial d’espéranto a eu lieu en 1905 à Boulogne-sur-Mer. C’était le fruit d’un grand espoir, je ne peux pas ici entrer dans les détails de la préparation de cette manifestation. C’était la première grande rencontre entre espérantophones : allaient-ils se comprendre ? Il y avait eu comme une ébauche de cette rencontre l’année précédente en Grande-Bretagne, à Douvres, et à Calais, en France, avec déjà près de 200 participants. Alfred Michaux avait alors invité à une réunion mondiale pour 1905 dans sa ville de Boulogne-sur-Mer, et une équipe française a organisé le congrès, en concertation avec Zamenhof.

[ndlr : Une petite histoire des congrès mondiaux est donnée dans Esperanto-Aktiv’ n° 16 de juillet-août 2011.]

Combien de congrès mondiaux y a-t-il eu depuis lors ?

En tout, il y a eu 99 congrès.

Où les autres congrès ont-ils eu lieu et à quelle fréquence ?

En principe, il y a eu un congrès tous les ans, sauf lors des guerres mondiales. Les congrès ont lieu chaque année dans un pays différent, afin de donner la chance à des espérantistes de différentes parties du monde entier de participer à cet événement majeur.
Viennent diverses propositions. Le bureau de l’UEA a la difficile tâche de choisir entre ces propositions : conditions locales, fiabilité, conditions financières, situation du mouvement espérantiste local, choix équitable entre les diverses régions du monde, stabilité du pays (et de la monnaie !), impact possible, de multiples facteurs entrent en jeu pour la décision finale. Cette liste est loin d’être exhaustive.

Y a-t-il eu des congrès historiques, ayant marqué l’histoire de l’espéranto ? Si oui, lesquels ?

Le premier, évidemment.
Le premier en Asie à Tokyo en 1965.
Le premier en Amérique latine à Brasilia en 1981.
Varsovie en 1987 : participation record (5946 inscrits).
Mais tous les congrès qui ont jalonné l’histoire ont eu leur importance, difficile d’en privilégier… Et ce ne sont pas forcément les congrès qui ont réuni le plus de participants qui ont été les plus importants du point de vue du mouvement, ce sont ceux où ont été prises les décisions les plus cruciales pour le mouvement. Mais là, il est difficile en quelques phrases de résumer toute l’histoire ! Le plus important, c’est que, tous les ans, il y ait eu un congrès mondial (avec pour seule interruption les guerres mondiales).

Quand un congrès mondial a-t-il eu lieu pour la dernière fois en France ?

Il y a eu 6 congrès mondiaux d’espéranto en France. La dernière fois, c’était à Montpellier en 1998. Un congrès fort réussi, et le plus grand de ces dernières décennies, avec 3133 inscrits. Je ne peux pas trop louer la réussite, puisque j’étais présidente du comité d’organisation, ça ne se fait pas…

À combien de congrès mondiaux as-tu participé ?

Depuis mon premier congrès à La Haye, en 1964, je suis allée au congrès presque tous les ans, si bien que j’ai participé à 49 congrès.

Pourquoi autant ? Qu’est-ce qui te plaît tant dans les congrès mondiaux d’espéranto ? Est-ce qu’on gagne une récompense, si on a participé à 25, 30 ou 50 congrès mondiaux d’Espéranto ?

Non, on ne gagne pas de récompense… surtout des tâches à accomplir. Je me suis peu à peu (mais dès le début) engagée dans le mouvement espérantiste. C’est devenu l’événement incontournable.
Simple participante dans mes premiers congrès, je suis devenue membre du CA de l’UEA en 1974, pour le congrès de Montpellier j’étais présidente du comité d’organisation et entre 2004 et 2013 j’ai été membre du bureau de l’UEA, vice-présidente chargée de l’éducation, de la culture… et des congrès. Quand on est membre du CA, a fortiori du bureau, impossible de ne pas participer…

Quels sont les rôles de l’UEA et de l’équipe locale dans l’organisation d’un congrès ?

Le bureau de l’UEA choisit la date et le lieu du congrès, décide du budget, et est officiellement responsable. L’organisation du congrès est coordonnée par le secrétaire permanent des congrès, et le travail administratif se fait au siège social. Le cadre général du programme, le programme officiel, les réunions statutaires, le forum autour du thème du congrès, l’université du congrès, différents ateliers, les réunions spécialisées, sont du ressort de l’UEA.
L’équipe locale (pas si locale que cela, car les bénévoles viennent souvent de différentes régions du pays concerné, ce qui est le cas pour la France par exemple) prend tous les contacts sur place, lieu(x) du congrès, démarche auprès des officiels, organise les spectacles, des expositions, des conférences sur le pays qui accueille le congrès, met en place des excursions, l’hébergement et s’occupe encore de bien d’autres tâches : accueil, organisation logistique, service de traduction et d’interprétation, contacts avec la presse, et j’en oublie certainement ; il me faudrait faire ici tout le catalogue des opérations requises lors de la préparation d’un congrès, et ce serait fastidieux.

Qu’est-ce que tu préfères, dans un congrès mondial d’espéranto : le programme culturel, les réunions des différentes associations ou bien tout simplement le fait de se retrouver avec des centaines d’espérantophones pendant une semaine ?

Il faut dire que dans mon cas, je suis souvent prise dans la journée par des réunions statutaires (CA) ou autres forums sur le thème du congrès, des réunions en commission, et je n’ai pas trop le choix.
Mais autrement, je dirais, que, à peu près tout… les colloques, les conférences, les ateliers, le programme culturel et… les rencontres informelles, tard le soir après le programme officiel, autour d’un (ou de plusieurs) verre(s) où comme partout l’on refait le monde (espérantophone en l’occurrence) et où l’on réorganise le congrès.

Où le congrès mondial de 2014 a-t-il eu lieu ? Combien y a-t-il eu de participants ?

À Buenos Aires, où il y a eu tout juste 700 participants. Mais petit nombre ne signifie pas inintéressant ! Des gens motivés, beaucoup de participants d’Amérique du Sud, pour lesquels c’était une occasion unique, et avec lesquels on a eu plaisir à discuter. Le mouvement ne se résume pas aux seuls congrès, fort heureusement !

Et le prochain congrès mondial...

Jubilé ! Le premier à Boulogne-sur-Mer, le 100e dans la banlieue de Boulogne... à Lille ! Boulogne n’a pas les capacités d’hébergement de la métropole lilloise, d’où ce choix.

En quelques mots, peux-tu nous donner envie d’aller à Lille l’été prochain ? Est-ce que les jeunes pourront s’amuser ?

Tout d’abord Lille est une belle ville, ce ne sont pas les Lillois qui vont me contredire. Le problème principal pour ce congrès, c’est l’embarras du choix entre les multiples programmes, séminaires, ateliers, expositions, animations, spectacles… Les jeunes ne seront pas oubliés, et ils animeront leur propre programme (où les moins jeunes sont aussi conviés !).

Est-ce qu’on peut espérer beaucoup de monde – battre le record de Varsovie 1987 ?

Battre le record de Varsovie ? Non, je ne pense pas. Même si le Mondial de Lille se doit d’être exceptionnel, actuellement les congrès attirent moins les foules.

Comment s’inscrire ?

C’est simple, en ligne à https://uea.org/kongresoj/alighilo ou en envoyant votre bulletin d’inscription à Espéranto-France (voir en fin d’article).
Vous pouvez payer par l’intermédiaire d’ Espéranto-France. Si vous ne voulez pas profiter de la période la plus favorable, attendez l’année prochaine…

Et l’équipe locale d’organisation (LKK) a-t-elle besoin de bénévoles ? Pour quoi faire ? Comment la contacter ?

Il y a quelques tâches spécialisées. On ne s’improvise pas traducteur, interprète, guide de tourisme ou accompagnateur d’excursions et nous avons mis au point des formations spécialisées animées par des professionnels. Mais il y a aussi besoin de beaucoup de personnes pouvant aider à des tâches fort diverses, telles que la préparation des sacs des congressistes, l’accueil des participants, l’aide à l’accueil et à l’orientation des néo-congressistes, la gestion du vestiaire, le montage (et le démontage) d’expositions, l’accompagnement lors de spectacles en ville et différentes tâches ponctuelles pour gérer les problèmes imprévus… L’équipe de pilotage vous remercie par avance de votre collaboration !

Tous au Mondial à Lille !

Dankon Claude ! Ek al la centa !