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« Kavaliriko » de Kapriol’ & « Kiu semas venton... » de Maragan’

Les deux groupes qui nous ont séduits cet été présentent quelques points communs. Ils nous invitent tous deux à danser au son d’une musique traditionnelle entrainante. L’un, Kapriol’, nous vient des Pays-Bas. L’autre, Maragan’, est un produit hexagonal à l’accent méridional. Et le groupe du Pays d’Oc nous défrise autant que la musique de Frise est ad hoc.

Kavaliriko de Kapriol’

Vous les avez peut-être entendus cette année, en Pologne, en Bretagne ou le 12 août au congrès mondial de SAT à Dinan. Le groupe néerlandais Kapriol’ ! y a présenté son nouvel album, Kavaliriko, un mélange de musiques traditionnelles et originales, qui swingue.

On avait découvert leur premier opus, Aventur’, pendant KEF au Danemark en 2009. Suite à quoi, le groupe a joué à domicile et à l’étranger : en 2009 à Barcelone et à FESTO en Allemagne ; en 2010, à Anvers (Belgique), à Kaiserslautern (Allemagne) et à ARKONES en Pologne. En 2011 ont eu lieu des tournées à travers la Belgique, la France, l’Allemagne et les États-Unis, où ils sont retournés en 2013. L’an dernier, ils ont joué au congrès d’espéranto italien et à FESTO en Belgique.

Pour ce nouvel album de Kapriol’ !, Marita Kruijswijk joue de la flûte et du chalumeau, Marian Nesse de l’accordéon, Rutger Dijkstra de la basse, de la guitare et du violon, et Ad Bos du clavier, du cajon et d’autres percussions – et tous chantent. Ces artistes ont un peu de bouteille. Marita et Marian, notamment, ont chanté avec le groupe espérantophone Kajto.

L’album Kavaliriko régalera les amateurs. Assez largement inspiré par la musique ancienne frisonne, le groupe Kapriol’ ! cabriole entre arrangements libres et compositions nouvelles, comme un pont entre passé et présent. On sent l’influence de la musique médiévale, des airs de la Renaissance, des sonorités espagnoles, celtiques et balkaniques, du jazz et de la salsa.

La potion magique qui sort de ce chaudron, portée par le chant polyphonique et les instruments originaux, invite souvent à la danse. Kapriol’ ! développe d’ailleurs un programme spécial bal folk, avec scottishs, polkas, mazurkas, bourrées, an-dros, cercles circassiens, gigues, etc.

Traductions et adaptations des textes en espéranto : Roel Haveman et Wil van Ganswijk (titre n°2)
Site internet : www.kapriol.org


Kiu semas la venton de Maragan’

Quel drôle de nom Maragane ! Même espérantisé en Maragan’. Leur légume fétiche : le poireau sauvage, dont ils tirent leur nom de scène occitan.

Formé en 2011, le groupe se compose aujourd’hui de Jean Bourlier aux accordéons et percussions, Mary Pidoux aux violon et percussions, Dominique Delrieu aux contrebasse, guitare et bodhran, Marie-Hélène Désert aux chant, vielle à roue, mandoline, flûte à bec, etc., et Chantal Bouillet, qui enseigne les danses traditionnelles.

Les différents musiciens se sont rencontrés peu à peu, chacun venant d’univers géographiques et musicaux différents. Le groupe est né en février 2011 à l’occasion d’un bal. Son répertoire est fait de musiques à danser d’Europe occidentale, mais pas seulement. Il semble que désormais le groupe ait acquis sa propre identité.
Maragane joue principalement des musiques à danser traditionnelles, parfois des compositions personnelles, principalement en français, et en occitan.

Invité au Congrès de 2013 à Artigues-près-Bordeaux, Maragane y a joué en occitan. Un premier vrai contact du groupe avec le monde de l’espérantie. Quelques semaines plus tard, Maragane est convié au séminaire d’OSIEK à Saint-Amand-Montrond pour y expérimenter un concert en espéranto, cette fois. Un véritable défi : en trois mois, le groupe compose, écrit, arrange ses propres textes et mélodies sur les instruments habituels en se laissant guider par les contraintes du moment.

L’expérience est probante, au point d’aller plus loin et d’élaborer un CD dans la langue internationale, quitte à s’éloigner parfois de la musique à danser pour explorer d’autres styles. Et c’est la sortie de Kiu semas venton, un album de compositions et textes originaux.

L’idée est d’élaborer un matériel neuf à partir de quelques notes, d’une image ou bien de créer une mélodie en s’inspirant de quelques mots, sans s’obliger à créer de la musique à danser. C’est pourquoi il ne s’agit pas de musique de bal, bien que certaines chansons soient aussi une valse, une mazurka ou une scottish. Les composititions de style traditionnel sont aussi un point de départ intéressant pour créer des chansons, et cette fois l’air de base devient l’accompagnement, le chant suivant une deuxième mélodie.

S’ajoute à l’album la chanson de Luis Llach, L’Estaca, traduite en espéranto par un collectif animé par Renato Corsetti. C’est Marcella Fasani qui, en 1979, fit connaître ce chant en langue internationale, source d’inspiration pour les mouvements résistants d’hier et d’aujourd’hui.

Le mot d’ordre dans Kiu semas venton a été de jouer le jeu de l’expérimentation jusqu’au bout, c’est-à-dire d’enregistrer uniquement ce que Maragane était capable de jouer sur scène. Cela implique, entre autres contraintes, de n’ajouter ni instrument supplémentaire ni sons électroniques, et de ne corriger la justesse ni de la voix ni des instruments, pour obtenir un résultat au plus près de la réalité.

Site internet : maragane-bal.blogspot.fr

Sortis en 2014, ces deux albums sont disponibles sur le site de leur producteur, Vinilkosmo.
Kavaliriko de Kapriol’ est vendu au prix de 15,18 euros ; Kiu semas la venton de Maragan’ au prix de 13,64 euros.