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Écrire de la science-fiction en espéranto

Esperanto Activ’ : Laure, peux-tu te présenter en quelques mots ?

JPEG - 242.3 koLaure Patas d’Illiers : Je m’appelle Laure Patas d’Illiers, j’ai récemment pris ma retraite, auparavant je travaillais comme informaticienne au Ministère des Finances, maintenant je consacre mon temps à l’écriture et à des associations diverses. Actuellement, pour l’espéranto, je suis secrétaire de la fédération d’Île-de-France et vice-présidente du mouvement politique Europe Démocratie Espéranto.

EA : Comment as-tu connu et appris l’espéranto ?

Laure : En 2009, pendant la campagne électorale des européennes, j’ai reçu un tract. Qu’est-ce qu’on fait quand on reçoit un tract dans la rue ? On ne le jette pas par terre, on le met dans sa poche et puis on l’oublie. Un jour, je l’ai retrouvé, ce tract, je l’ai lu et je me suis dit : « Tiens, oui, l’espéranto, ça serait une bonne idée ». Longtemps après, à l’occasion d’une réunion de travail, j’ai discuté avec des informaticiens d’autres ministères et j’ai évoqué l’espéranto. Un collègue d’un autre ministère a dit « Moi, je parle l’espéranto ». Ah bon ? C’est devenu concret. Ma curiosité s’est éveillée et je me suis renseignée sur internet. À la mi-2012 j’ai commencé à apprendre avec ikurso et à l’automne je suis allée au siège, rue de la Cerisaie, où j’ai trouvé des cours.

EA : Tu as gagné les « Belartaj Konkursoj » de UEA, peux-tu nous en dire plus sur ce concours ? Comment est-il organisé ?

Laure : En 2017, j’ai gagné le 3e prix de la nouvelle. En 2018, j’ai gagné 3 premiers prix, ceux de la nouvelle, de la micronouvelle et du sketch.
Les Belartaj Konkursoj de UEA ont été longuement décrits dans un article de Espéranto-Aktiv en 2018 (voir https://esperanto-france.org/esperanto-aktiv-87-decouverte)
Depuis cet article, une nouvelle branche a été créée, la chanson. Les règles officielles à jour sont consultables dans le site de UEA : https://uea.org/teko/regularoj/belartaj_konkursoj
Dans la boutique d’Espéranto-France, vous pouvez acheter Belarta Rikolto, le livret publié chaque année qui contient les œuvres primées de l’année.

EA : Tu as écrit Sur bluaj planedoj, un recueil de nouvelles de science-fiction, peux-tu nous raconter ce qui t’a motivé à écrire en espéranto et plus particulièrement de la science-fiction ?

Laure : J’écris en français depuis longtemps, j’ai d’ailleurs publié un livre en français https://www.thebookedition.com/fr/vetilles-p-369549.html Quand j’ai appris l’espéranto j’ai tout naturellement commencé à écrire aussi dans cette langue. J’ai publié les textes dans des journaux en espéranto, vous pouvez les lire aussi dans le site verkoj.

La science-fiction m’a toujours passionnée. D’ailleurs je trouve qu’il y a des similarités entre espéranto et science-fiction : une langue créée et des mondes imaginaires, un intérêt pour les sciences du langage et des fictions basées sur la logique d’une hypothèse, l’espoir d’un monde plus pacifique et l’idée qu’un autre monde est possible, l’intérêt pour les relations interculturelles et l’envie de découvrir des formes de vie différentes…

EA : Comment te vient l’inspiration pour trouver tes idées ?

Laure : Les idées, il y en a partout, sans cesse elles flottent devant nos yeux ou se glissent dans nos oreilles. Mes idées viennent de mes lectures de fiction mais aussi d’articles, de films ou de vidéos que j’ai vus, des bribes de dialogue entre inconnus entendus dans la rue, dans le métro…
Sur bluaj planedoj évoque des sujets sociaux du moment, comme par exemple le réchauffement climatique. J’ai puisé dans mes connaissances professionnelles pour évoquer le numérique, l’intelligence artificielle.

EA : Quelle est la différence entre écrire en espéranto ou dans sa langue maternelle ?

Laure : C’est plus laborieux d’écrire en espéranto, car il faut vérifier le vocabulaire dans des dictionnaires et se faire corriger par un expert de la langue. En espéranto il faut aussi veiller à ce que le texte soit compréhensible par des lecteurs d’autres pays et d’autres cultures, donner la prononciation des noms propres, l’explication des sigles, etc. C’est plus difficile, mais c’est un défi passionnant. Quand je reçois le message d’un Asiatique qui me dit avoir apprécié un de mes récits, je me sens largement récompensée.

EA : Quelle est la nouvelle dont tu es la plus fière ?

Laure : Une nouvelle de mon recueil Sur bluaj planedoj qui s’appelle « La serpento kaj la rano ». Je me suis inspirée d’une nouvelle de Robert Heinlein que j’avais lue dans ma jeunesse et qui s’était imprimée dans ma mémoire de façon indélébile. Peut-être ma nouvelle aura-t-elle le même effet sur certains lecteurs ?

EA : Quels sont tes prochains projets ?

Laure : J’aimerais continuer à écrire en espéranto. J’espère qu’Espéranto-France, qui a édité Sur bluaj planedoj, sera intéressée par mes futurs projets.

EA : Si un des lecteurs d’Espéranto-Aktiv’ souhaite écrire de la fiction en espéranto, quels sont les conseils que tu peux lui donner ? (conseil pour l’écriture, mais peut être aussi pour se faire connaître ?)

Laure : Écrire, quelle que soit la langue, ça s’apprend. Bien sûr, vous pouvez l’apprendre par vous-même, mais ça s’enseigne aussi, même si cet enseignement est assez récent en France. On trouve de plus en plus d’ateliers d’écriture parmi les activités culturelles proposées par les communes. C’est plus amusant et formateur d’écrire dans un groupe.
En espéranto, c’est un peu plus difficile de trouver un groupe pour s’entraîner ensemble à écrire. Dans la fédération d’Île-de-France, j’ai animé des ateliers d’écriture en espéranto, j’espère recommencer s’il y a assez de personnes intéressées. Vous pouvez trouver des groupes d’écriture en espéranto qui fonctionnent par internet. Stela Besenyei-Merger vient de démarrer des ateliers mensuels de lecture et d’écriture, elle cherche des participants et vous accueillera très volontiers à https://bobelarto.ink/
Pour se motiver, et pour se faire connaître, le mieux est de participer à des concours. L’article https://esperanto-france.org/esperanto-aktiv-87-decouverte en présente quelques-uns, il y en a d’autres, par exemple le concours INK.
Quand un de vos textes vous semble suffisamment abouti, tentez la publication : cherchez un journal en espéranto qui publie des textes similaires, en commençant par le journal de votre club local et envoyez votre texte à la rédaction du journal. Vous pouvez aussi publier vos textes sur internet grâce au site Verkoj (http://verkoj.com/)

À vos plumes !