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« Tagoj kaj ruinoj », de Jaume Grau Casas, traduit du castillan et commenté par Miguel Fernàndez

Esperanto-Aktiv n° 108 - janvier 2020

Jaume Grau Casas (1896-1918-1950) était un militant des cultures catalane et espérantiste. On lui doit la rédaction d’une anthologie en espéranto de la littérature catalane (Kataluna antologio, 1925). C’est donc tout naturellement qu’il a soutenu la république espagnole, régime légalement élu par le peuple. Il n’a pas participé à la guerre civile, à cause de son profond pacifisme, et surtout à cause de son déplorable état de santé : il souffrait d’une grave maladie cardiaque. Mais, après la victoire de Franco en 1939, ses activités de secrétaire d’une mairie républicaine suffisaient à l’exposer à la vindicte du régime franquiste. Il s’est donc exilé en France.

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Tagoj kaj ruinoj est le journal qu’il a tenu de 1939 à 1944 dans plusieurs camps de concentration français successifs. Les réfugiés espagnols aptes au travail ont pu sortir de ces camps. Mais Jaume est resté interné au côté des autres Espagnols inaptes, bientôt rejoints par les juifs étrangers. Jour après jour, il décrit la faim, le froid, les conditions de vie difficiles dans ces camps de concentration français. Il mentionne aussi l’aide apportée par les espérantistes, qui l’a aidé à survivre.
Jaume eût sans doute préféré tenir son journal de captivité en espéranto ou en catalan. Mais, ces 2 langues étant interdites par la censure, c’est en castillan qu’il a écrit sur des bouts de papier qu’il se procurait tant bien que mal. C’est aussi en castillan qu’il écrivait à son épouse, restée en Catalogne avec leurs enfants. Ses lettres sont jointes à ce recueil.

Marie-Hélène Meléndez, d’origine espagnole, a pu collecter ces textes, qui à ce jour n’ont jamais été édités en castillan. Elle en a publié une traduction française sous le titre Ulysse dans la boue. Le poète espérantiste espagnol Miguel Fernández a récemment traduit ces textes du castillan en espéranto, dans le style de « l’école ibérique », caractérisé par des néologismes empruntés aux langues latines. L’édition en espéranto reprend les notes de Ulysse dans la boue, et Miguel Fernández y a ajouté ses propres notes, destinées à un public international moins familier du contexte français et espagnol.

Contrairement à Eduardo Vivancos, toujours vivant en 2018, Jaume Grau Casas ne partageait pas les convictions anarchistes qui sont aujourd’hui celles de Miguel Fernández. Bien que toujours républicain convaincu, il a pu, à la fin de la seconde guerre mondiale, rentrer dans l’Espagne franquiste, avant de s’éteindre auprès des siens, en Catalogne, en 1950.
Pour les Français, ce journal est un document intéressant sur un épisode méconnu et peu glorieux de notre histoire nationale.

Article écrit par Jacqueline Lépeix